LE LIVRE « A la reconquête du travail », de Jean-François Naton*, dresse un tableau très sombre de la santé au travail en France, sur un ton engagé et accusateur. Et pour cause : l'auteur est un militant syndicaliste CGT qui s'efforce de dénoncer les réalités qu'il côtoie tous les jours. En tant que conseiller fédéral de la CGT, Jean-François Naton siège en effet à la commission accidents du travail-maladies professionnelles de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), au Conseil supérieur des risques professionnels, et participe aux négociations entre partenaires sociaux, notamment sur l'amélioration des conditions de travail.
Son livre, qui «accuse le trop fameux “Travailler plus pour gagner plus”» en couverture, pointe les effets de la précarité, de la flexibilité, avec, à la clé, l'accroissement de la pénibilité au travail, en particulier pour certaines catégories de salariés. Documents et chiffres à l'appui, l'auteur évoque aussi successivement : le suicide de salariés en proie au stress (surtout dans l'industrie automobile), le fléau des troubles musculo-squelettiques (TMS), les cancers professionnels sous-déclarés et, donc, en mal de réparation, les contraintes liées aux nouvelles technologies, au télétravail ou à la sous-traitance, les horaires variables et atypiques des caissières à temps partiel, le drame de l'amiante…
Dans son avant-propos, ce cadre CGT se dit «consterné par le déni, le refus du patronat de voir les conséquences des modes d'organisation du travail, aujourd'hui, sur la santé des travailleurs». Jean-François Naton termine toutefois son essai sur une note plus optimiste, puisqu'il croit plus que jamais aux vertus de la «démarche de prévention» dans les entreprises.
* « A la reconquête du travail », de Jean-François Naton, éditions Indigène, 117 pages. Prix : 11,50 euros.
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