« Depuis cinq ans, la neurophysiologie cérébrale a fait de tels progrès qu'elle amène le thérapeute à repenser l'accès au cerveau avec de nouveaux concepts. Tentation qui doit se doubler d'une extrême prudence, car l'histoire dans ce domaine est bien accablante. Elle est la tragique illustration de ce que la science, par son excès d'arrogance et de confiance, a pu parfois proposer à des êtres humains », souligne le Pr Didier Sicard (hôpital Cochin, Paris), en citant l'exemple de la chirurgie destructrice, mutilante, qu'était la lobotomie, traitement qui, aujourd'hui, serait inacceptable.
« L'histoire ne doit jamais nous enfermer dans un carcan simpliste. Quand une personne est emprisonnée dans une camisole comportementale ne doit-on pas essayer de lui venir en aide, non pas pour changer sa personnalité, mais son comportement ? Peut-on faire mieux que la chimiothérapie ou une thérapie cognitive ou comportementale ?
« Les récents succès de la neurostimulation à haute fréquence adaptable, sélective et réversible, ouvrent une nouvelle voie de traitement de certains troubles comportementaux graves. »
Les troubles obsessionnels compulsifs : une bonne indication ?
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) font partie des névroses obsessionnelles. Les personnes qui en sont victimes sont confrontées à des pensées préoccupantes et obsédantes. Elles sont contraintes, pour les chasser ou les empêcher de survenir, de se livrer à des actes rituels involontaires et incoercibles (compulsions).
La fréquence du TOC est estimée à 2 % environ. Dans certains cas, les symptômes restent supportables et compatibles avec une vie normale, mais, dans ses formes sévères, le TOC peut être une cause de très grand handicap fonctionnel. Son évolution est chronique, le plus souvent d'un seul tenant. Dans 80 % des cas, il se complique de troubles dépressifs.
L'efficacité des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la thérapie cognitivo-comportementale est aujourd'hui démontrée. Cependant, dans environ 30 % des cas, ces traitements sont sans effet.
L'hypothèse d'un dysfonctionnement du circuit cérébral striato-pallido-thalamo-cortical a encouragé des tentatives de traitements psychochirurgicaux (destruction de parties des zones cérébrales incriminées) chez les patients atteints de TOC invalidants, paralysant la vie socioprofessionnelle et familiale, résistant aux thérapeutiques habituelles, y compris à la cure psychanalytique.
Dans ces cas particuliers, l'efficacité de la psychochirurgie atteint 30 %, mais au prix d'effets indésirables irréversibles.
Au contraire, la stimulation cérébrale profonde à haute fréquence est une technique qui permet d'agir sur les structures cérébrales avec une très grande précision, de façon réversible, sans créer de lésions.
Cette technique neurochirurgicale, au-delà des maladies neurologiques pour lesquelles elles se montre déjà efficace, pourrait être appliquée à certains troubles comportementaux et psychiatriques résistant à tout traitement.
L'imagerie fonctionnelle suggère que l'expression des TOC pourrait impliquer un circuit reliant le cortex orbitaire et cingulaire aux ganglions de la base. Le rôle des ganglions de la base est également souligné par l'expression de TOC à la suite de lésions du globus pallidus et dans le Syndrome de Gilles de la Tourette.
L'efficacité remarquable de la stimulation profonde dans les dysfonctionnements des ganglions de la base et les études effectuées sur des modèles animaux (primates) suggèrent que la neurostimulation pourrait être élargie à des pathologies du mouvement (maladie de Parkinson, dystonies), comme aux troubles comportementaux, comme les TOC.
Session présidée par J. Perret (Grenoble).
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