LE MINISTÈRE de la Santé a rendu publics dans leurs grandes lignes les résultats des élections professionnelles par lesquelles les praticiens hospitaliers (à temps plein et à temps partiel) et les praticiens hospitalo-universitaires ont choisi leurs représentants aux commissions statutaires nationales et autres conseils de discipline (en tout, 210 titulaires et 210 suppléants pour cinq commissions et sept disciplines).
Seule occasion de mesurer l'audience des grandes intersyndicales de médecins hospitaliers, ces élections n'avaient pas été organisées à l'hôpital depuis 1998. Sur fond d'importantes tensions autour des sujets délicats de la nouvelle gouvernance de l'hôpital public (approuvée par les uns, rejetée par les autres) et de la rénovation du statut des médecins travaillant dans les hôpitaux (signée par les seuls Snam - Syndicat national des médecins des hôpitaux publics - et CMH - Coordination médicale hospitalière - qui ont fait liste commune pour ces élections professionnelles), on pouvait s'attendre à ce que ce scrutin chamboule les forces en présence. Or ce n'est pas vraiment le cas, même si, à l'intérieur des disciplines, le poids des uns et des autres a pu changer.
Difficiles à manier, les chiffres que communique pour l'instant le ministère donnent un aperçu de ce statu quo - un « aperçu » seulement car, pour la première fois, les pouvoirs publics envisagent ces élections d'un point de vue global et calculent la représentativité des uns et des autres à l'aune des scores qu'ils réalisent aussi bien parmi les PH temps plein (plus de 27 000 médecins) que parmi les praticiens hospitalo-universitaires (5 300 médecins), laissant bizarrement de côté les votes des PH à temps partiel.
Ainsi considérés, les chiffres laissent tout d'abord apparaître une participation de 48,6 %, en baisse par rapport aux élections de 1998, preuve que les débats sur la gouvernance ou l'introduction d'une part variable dans le salaire des médecins hospitaliers n'ont pas forcément passionné les foules. Ils donnent ensuite la CHG (Confédération des hôpitaux généraux, farouchement opposée à la nouvelle gouvernance et au statut rénové) gagnante en voix avec 28,5 % des suffrages, suivie immédiatement par l'Inph (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers, pro-nouvelle gouvernance mais anti-nouveau statut) qui recueille 24,8 % des voix, elle-même immédiatement talonnée par l'attelage CMH-Snam-Uccsf (Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français) qui rassemble 22,8 % des voix. Nouvelle venue en tant que syndicat à part entière, l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France) obtient un résultat de 4 %, tandis que FO est à 1,6 %. De petites listes souvent catégorielles se partagent le reste du gâteau. A noter, le bon résultat de la jeune Coordination nationale des HU qui rafle - et il s'agit toujours de chiffres globaux - 7,2 % des voix. En sièges en revanche, le classement change et l'alliance CMH-Snam prend la tête suivie par une Inph et une CHG au coude à coude.
Confusion.
Comme toujours, au gré des rapprochements ou des angles d'interprétations (de quelle commission parle-t-on, retient-on les suffrages ou les sièges... ?), ces élections qui, outre qu'elles dotent les médecins hospitaliers de leurs instances représentatives, devraient permettre de clarifier le poids des syndicats médicaux hospitaliers, sont sources de confusion. Dans l'attente de publications précises du ministère de la Santé, on peut grosso modo considérer que du côté des PH temps plein, la situation est pratiquement la même qu'il y a sept ans : l'Inph et la CHG restent, à quasi-égalité, les poids lourds du secteur, suivies, une petite dizaine de points en arrière, par la CMH et le Snam. Chez les PH temps partiel, Snam-CMH-Uccsf et CHG se partagent le gâteau, les premiers réalisant une belle percée en sièges (48 sur 84). Quant aux hospitalo-universitaires, ils sacrent la victoire des listes Snam-CHG et confirment, on l'a dit, la percée de la Coordination des HU.
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