P OUR l'équipe anglo-américaine qui a effectué la métaanalyse des effets cardio-vasculaires de la modification des apports lipidiques, parue dans le « BMJ », la tâche méthologique n'était pas simple.
Les sources de biais dans le domaine de la prévention cardio-vasculaire sont nombreuses. A savoir, les études comportant des interventions autres que la réduction des lipides alimentaires comme l'arrêt du tabac, l'augmentation de l'exercice physique ou celles qui prennent en compte l'effet d'une augmentation des apports en oméga-3 contenus dans les poissons gras, sont autant de sources d'erreurs.
L'analyse a donc porté sur 27 études contrôlées (30 902 personnes-années d'observation) d'une durée de suivi d'au moins six mois, avec les régimes suivant :
- réduction des apports lipidiques totaux ;
- réduction des apports en graisses saturées ;
- diminution des apports en cholestérol alimentaire ;
- diminution des graisses saturées au profit des graisses insaturées.
Dans certaines études, des conseils alimentaires étaient donnés aux sujets alors que d'autres leur fournissaient les lipides à ingérer.
Mortalités totale et cardio-vasculaire
Ont été exclus les essais comprenant une supplémentation en acides gras oméga-3, des enfants, des femmes enceintes ou des personnes malades. La métaanalyse a porté sur le taux de mortalité total, la mortalité cardio-vasculaire, les événements cardio-vasculaires et la qualité de vie.
La modification des apports lipidiques s'est accompagnée d'une baisse de 9 % de la mortalité cardio-vasculaire et de 16 % des événements (IDM non fatals, AVC, angor, insuffisance cardiaque, artérite, angioplastie, pontage), mais l'effet sur la mortalité totale était pratiquement nul (moins 0,98 %).
Le degré de prévention est lié à la durée du régime : seules des mesures diététiques de plus de deux ans ont un effet sur les événements cardio-vasculaires. En revanche, il n'y a pas de différence de bénéfice en fonction du niveau de risque cardio-vasculaire à l'inclusion, pas de différence non plus si les aliments sont fournis aux candidats ou s'ils reçoivent simplement des conseils diététiques. Une baisse plus importante du cholestérol sérique est associée à une plus grande réduction des événements et de la mortalité cardio-vasculaire : une baisse de plus de 20 % du cholestérol s'accompagne d'une réduction de la mortalité cardio-vasculaire de 25 %. Pour une cholestérolémie moyenne avant régime de 5,8 mmol/l, la baisse obtenue est de 11 % (0,64 mmol/l). A noter que la durée de deux ans, nécessaire pour obtenir un gain de survie, est la même que celle qui avait été retrouvée dans l'étude scandinave « 4S », de prévention avec la simvastatine. On peut donc penser que des mécanismes d'actions comparables entrent en jeu pour stabiliser, voire réduire, les plaques athéromateuses, mais d'autres événements entrent probablement en jeu.
Pour Lee Hooper (Manchester, Royaume-Uni), « le bénéfice d'une modification des apports lipidiques est potentiellement important à condition de maintenir le régime suffisamment longtemps, deux ans étant une durée minimale. La diminution des événements cardio-vasculaires peut être liée à la baisse du cholestérolmais aussi à celle de l'ensemble des graisses dont le rôle dans le développement de l'athérosclérose est déterminant ».
Lee Hooper et col.l, « Bt Med J », 31 mars 2001, p. 757.
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