Parfois oubliée devant l'abondance des informations sur l'hypercholestérolémie, l'hypertriglycéridémie (HTG) n'en est pas moins un facteur de risque cardio-vasculaire à part entière.
L'athérogénicité des triglycérides résulte de plusieurs caractéristiques :
- les remnants de chylomicrons et de VLDL peuvent pénétrer dans l'intima artérielle ;
- l'HTG entraîne une diminution du taux de cholestérol HDL et une modification des LDL qui deviennent petites et denses ;
- l'HTG pourrait également favoriser l'insulinorésistance chez les patients prédisposés ayant un excès de graisse abdominale.
Les conseils nutritionnels.
La prise en charge diététique de l'HTG rejoint celle des patients porteurs de risque cardio-vasculaire, ce d'autant qu'il s'agit le plus souvent d'une hyperlipidémie mixte comportant également une hypercholestérolémie LDL (les HTG pures étant beaucoup plus rares). Elle est toujours indiquée, qu'il y ait ou non un traitement médicamenteux. Surtout, son efficacité est importante et rapide, conduisant à une amélioration, voire à une normalisation, des taux de triglycérides dans la plupart des cas, parfois en quelques jours ou semaines.
Les triglycérides représentent la forme de stockage des graisses de réserves. L'HTG n'est pas uniquement liée à une augmentation des apports alimentaires en lipides, mais aussi à un excès d'apports énergétiques - surtout glucidolipidiques et il existe des formes glucidodépendantes - ; une consommation d'alcool même modérée - on décrit des formes alcoolodépendantes - ; un surpoids, de type plutôt androïde.
Globalement, l'intervention diététique a donc plusieurs objectifs.
Le premier objectif est de faire perdre du poids si l'IMC est supérieur à 25 kg/m2, en diminuant les apports énergétiques.
Limiter les lipides et bien les choisir.
La deuxième mesure consiste à limiter l'apport lipidique à 30 % de l'apport énergétique total (AET), tout en jouant sur la qualité des lipides ingérés :
- en abaissant la proportion d'acides gras saturés (AGS), particulièrement athérogènes, à 10 % de l'AET ;
- en augmentant l'apport en acides gras mono-insaturés à 14 % de l'AET et en acides gras polyinsaturés à 7 % de l'AET ;
- en privilégiant les acides gras oméga 3 de façon à respecter un rapport oméga 3/oméga 6 de 1 sur 5.
En pratique, il s'agit donc de limiter les plats riches en graisses (beurre, fromage, viennoiseries, etc.) et les cuissons grasses, de même que les viandes grasses (avec des graisses saturées dites cachées). Il faut conseiller, au contraire, les volailles sans la peau, les laitages partiellement écrémés, les poissons notamment gras, riches en oméga 3, ainsi que les huiles végétales crues comme l'huile d'olive pour son apport en acide oléique (acide gras mono-insaturé) et l'huile de colza riche en acide alphalinolénique (oméga 3).
La troisième mesure consiste à diminuer l'apport de glucides simples, particulièrement en cas de forme glucidodépendante. Dans un premier temps, il est conseillé d'arrêter leur consommation puis de les réintroduire progressivement et en quantité réduite. Il faut aussi limiter la consommation de fruits, en évitant les jus de fruits. Les glucides complexes (féculents) seront consommés en fonction des objectifs de poids.
Quatrièmement, il faut favoriser la consommation de fibres et optimiser les apports en vitamines antioxydantes. Il est préconisé d'accroître l'apport en fibres, surtout par les céréales complètes et les légumineuses, en veillant à prescrire légumes et/ou crudités à chaque repas, également pourvoyeurs de vitamines antioxydantes.
Enfin, la consommation d'alcool doit être limitée à deux verres au maximum par jour. Dans les HTG alcoolodépendantes, elle doit être totalement arrêtée.
D'après la communication de Virginie Graillot (Mougins). 9es Rencontres de nutrition azuréennes-1er forum franco-tunisien de nutrition.
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