C'EST SANS DOUTE la seule mesure polémique qui était sortie des états généraux de l'organisation de la santé (ÉGOS). Dans les zones dites médicalement « surdotées » (encore faut-il les identifier avec un maillage et une méthodologie adaptés), les ÉGOS avaient suggéré un effort de «solidarité intergénérationnelle» impliquant chaque médecin généraliste de premier recours, y compris ceux qui sont installés depuis des années dans ces secteurs devenus excédentaires.
La disposition consisterait à mettre en place des contrats santé solidarité engageant chaque généraliste qui exerce dans ces territoires surdotés à «répondre aux besoins de santé non couverts par ailleurs». En pratique, les généralistes concernés s'engageraient par exemple à participer à la permanence des soins en qualité d'effecteur ou de régulateur, à prendre une activité à temps partiel dans un secteur sous-doté proche de leur lieu d'exercice (cabinet secondaire, consultations déportées) et/ou dans une structure hospitalière ou médico-sociale, ou encore à participer à un ou plusieurs réseaux de santé. A défaut, les médecins généralistes s'exposeraient à des mesures de « régulation conventionnelle»,le cas échéant financières, comme la diminution de la prise en charge des cotisations sociales .
« Ésotérique ».
Malgré la forte réticence des syndicats, la direction de l'assurance-maladie veut traduire cette idée. Dans ses orientations de négociations pour 2008 (« le Quotidien » du 22 mai), la caisse reprend à son compte le schéma des contrats santé solidarité applicables aux généralistes dans les zones surdotées . «Hostileà ce bazar»,le président de la CSMF, Michel Chassang, refuse qu'on «empoisonne la vie de médecins installés depuis des lustres dans des zones devenues progressivement excédentaires». Et il ne voit pas la «faisabilité» d'un tel projet. «On va demander aux médecins des villes de boucher les trous tout autour? Je ne vois pas qui va accepter ça...» MG-France affiche également ses plus vives réserves. «Vouloir utiliser les zones surdotées comme des provisions de ressources pour combler les manques ailleurs est un système pour le moins ésotérique, juge le Dr Claude Leicher, chargé de la démographie au syndicat. En Ardèche ou dans le sud de la Drôme, les deux types de secteurs (sur- et sous-dotés) ne sont pas proches du tout. On va forcer les médecins à faire 50km? C'est prendre le problème par le mauvais bout.»
Le SML pourtant promeut depuis quelques mois le concept du « médecin volant » qui consisterait à faire du remplacement un mode d'exercice à part entière afin d'augmenter la présence médicale dans les zones à faible densité. à condition que le dispositif soit strictement incitatif. Le Dr Éric Henry, médecin généraliste dans le Morbihan et « inventeur » du médecin volant, affirme que si «3% des médecins installés en ville acceptaient ce système, cela ferait disparaître les zones de pénurie en France». «Je défends la mobilité, explique-t-il, parce qu'elle permettra de donner du plaisir à des médecins qui veulent sortir de leur cabinet et voir autre chose. Mais il ne faut pas l'imposer! Beaucoup de confrères trouvent ça génial et les spécialistes sont aussi intéressés...»
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