CHEZ LA SOURIS, une croissance foetale retardée par un régime alimentaire maternel trop pauvre est associée à une faible espérance de vie. En revanche, les souriceaux dont le poids est normal à la naissance vivent plus longtemps que la moyenne lorsqu'ils sont allaités avec un lait carencé en protéines. De plus, cette seconde catégorie de souris semblent protégées des effets délétères de l'obésité sur l'espérance de vie.
Pour arriver à ces conclusions, Ozanne et coll. ont séparé en deux groupes des souris en début de gestation : les futures mères du premier groupe ont reçu une alimentation « normale », comprenant 20 % de protéines ; celles du second groupe, une alimentation « pauvre », ne comprenant que 8 % de protéines. A la naissance des souriceaux, les portées ont été inversées de manière que les nouveau-nés portés par des mères soumises au régime « normal » soient allaités par celles soumises au régime « pauvre », et inversement. Les chercheurs ont alors comparé la survie des rongeurs en fonction de leur alimentation ante- et postnatale. Des souris qui ont reçu une alimentation normale tout au long de leur développement ont servi de contrôles.
Mort prématurée.
Il s'est avéré que les rongeurs sous-alimentés in utero rattrapent rapidement leur retard de croissance s'ils sont nourris normalement après la naissance. Cependant, ces animaux meurent précocement par rapport aux souris contrôles (survie moyenne de 568 ± 36 jours vs 765 ± 22 jours pour les contrôles).
En revanche, les souris dont le développement fœtal était normal, mais qui sont sous-alimentées à partir de la naissance, vivent plus longtemps que les animaux témoins (survie moyenne de 814 ± 25 jours).
De plus, les chercheurs ont observé que, si les souris sont soumises à un régime inducteur d'obésité une fois sevrées, leur espérance de vie diminue de 7 % si elles proviennent du groupe contrôle et de 9 % si elles proviennent du groupe sous-alimenté in utero. En revanche, chez les souris allaitées avec un lait pauvre en protéines, la survie moyenne n'est pas modifiée par une alimentation trop riche à l'âge adulte.
Le régime d'une mère pendant sa gestation puis pendant l'allaitement semble donc avoir une influence sur la survie de ses petits. Les mécanismes à l'origine de ce phénomène restent à élucider.
« Nature » du 29 janvier 2004, pp.411-412.
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