«L'AUGMENTATION importante de la prévalence du surpoids et de l'obésité au niveau mondial a conduit les autorités de santé publique à émettre des recommandations nutritionnelles. Parmi ces recommandations figurent une diminution des apports en lipides et en glucides simples et une augmentation des apports en glucides complexes», indiquent les auteurs de ce travail.
L'étude longitudinale prospective alimentation et santé (ELPAS) a été conçue pour évaluer la faisabilité des changements alimentaires et l'efficacité des modulations nutritionnelles obtenues pour prévenir le surpoids.
Elle a été menée chez des enfants et des adultes de la population générale : 1 013 familles parisiennes, composées au minimum d'un enfant de 7 à 9 ans et d'un parent, ont été incluses.
Les familles ont été réparties en trois groupes caractérisés par des objectifs nutritionnels spécifiques :
– groupe A (297 familles) : diminution des lipides (< 35 % des apports énergétiques totaux – AET) ; augmentation des glucides complexes ; pas de conseils particuliers pour les glucides simples ;
– groupe B (298 familles) : diminution des lipides (< 35 % des AET) et des glucides simples (– 25 % des apports initiaux) et augmentation des glucides totaux (> 50 % des AET) par une augmentation des glucides complexes ;
– groupe contrôle (418 familles) : pas de conseils alimentaires.
Les conseils ont porté principalement sur les acides gras saturés et sur les sucres rapides ajoutés.
Des conseils.
Quatre types de conseils ont été testés : modification de portion ; substitution par des aliments allégés/édulcorés ; substitution par des aliments différents ; modification du mode de préparation des aliments.
Un accompagnement diététique personnalisé a été mis en place. Les paramètres cliniques enregistrés ont été : IMC (indice de masse corporelle), poids, masse grasse, masse maigre, rapport tour de taille/tour de hanche, tension artérielle et rythme cardiaque. Des données biologiques complémentaires ont été recherchées chez les adultes.
A l'inclusion, la prévalence du surpoids dans l'étude ELPAS est conforme à ce qui est relevé dans les dernières enquêtes nationales, avec des taux respectivement de 18 % chez les enfants et de 33 % chez les adultes.
L'étude a été menée durant l'année scolaire 2005-2006. Elle livre un certain nombre d'enseignements.
«L'accompagnement diététique personnalisé mis en place (…) a permis de moduler les apports nutritionnels des participants enfants et adultes dans le sens des recommandations nutritionnelles sur les lipides et les glucides.»
Les objectifs ont été atteints pour les lipides. Ils l'ont été aussi, mais dans une moindre mesure, pour les glucides. Ainsi, en ce qui concerne les glucides simples, la diminution de 25 % visée n'a pas été atteinte, vraisemblablement «car les conseils portaient uniquement sur les sucres rapides ajoutés». L'augmentation des glucides complexes est insuffisante dans les deux groupes d'intervention, probablement pour des questions de palatabilité, assurent les auteurs.
La difficulté de suivre trois consignes.
Les augmentations des prises de glucides complexes plus limitées dans le groupe B que dans le groupe A s'expliquent par «la difficulté de suivre trois consignes alimentaires par rapport à deux» ou par «une diminution pour les sujets B de la consommation de certains aliments qui sont source à la fois de glucides complexes et de glucides simples», par exemple, les céréales du petit déjeuner. Les auteurs soulignent donc que «les recommandations portant sur les glucides complexes sont difficiles à atteindre dans la population générale».
L'efficacité clinique des conseils alimentaires a été évaluée. Chez les enfants, ces modulations n'ont pas eu d'effet sur les paramètres cliniques, peu altérés au départ, si ce n'est qu'elles ont permis aux enfants initialement en excès de poids de voir leur IMC diminuer au cours de l'intervention. Ce qui «confirmerait l'intérêt d'une éducation nutritionnelle chez les enfants à risque».
Chez les adultes, on note un impact favorable des interventions sur l'évolution des paramètres cliniques avec notamment des effets significatifs sur l'IMC et la masse grasse dans le groupe B. Les analyses montrent une stabilisation de l'IMC chez les adultes de poids initial normal et une diminution chez les adultes initialement en surpoids.
Francis Bornet et Damien Paineau. Lettre scientifique de L'Institut français pour la nutrition, mai 2007, n° 120. L'étude ELPAS est soutenue par le ministère délégué à la Recherche et par des partenaires privés dans le cadre du réseau Alimentation et Santé.
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