C'EST UNE HISTOIRE de famille, d'art et… de maladie d'Alzheimer. Gérard Alary est artiste peintre, il a longtemps exposé dans des galeries parisiennes, il enseigne également à l'école des beaux-arts à Dijon. Sa mère, Georgette, est atteinte de la maladie d'Alzheimer depuis huit ans.
Sous le titre « Les trois vies de ma mère », les oeuvres de Gérard Alary sont actuellement présentées dans la fraîcheur de la chapelle de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. «Cette envie de travailler sur ma mère remonte à très longtemps», confie l'artiste. Mais on a bien l'impression que la maladie a rendu les choses plus urgentes.
«Tout est très lié… Nous sommes très proches», insiste le peintre. La mère vit chez son fils. «Elle est constamment là.» Au sens propre comme au figuré. Georgette habite en effet dans l'atelier de son fils et trône, sur une immense photographie, en manteau de fourrure bleu clair, au centre de l'exposition.
«Il s'agit d'une belle histoire de famille et d'une oeuvre complète qui est non seulement le regard plein de tendresse d'un fils à sa mère, mais également celui d'un artiste porté sur la considération de l'être humain, la vieillesse, la maladie et d'autres états de conscience comme la paradoxale joie de vivre», explique, pour sa part, Michel Enrici, le commissaire de l'exposition, qui, par ailleurs, dirige la fondation Maeght (à Saint-Paul, dans les Alpes-Maritimes).
La mère est là, mais il faut la deviner à travers ces peintures tachées de noir et de blanc. On la perçoit presque davantage dans son rire, enregistré, qui est diffusé et résonne sous la voûte de la chapelle. L'exposition est aussi une histoire d'amis qui entourent Gérard et côtoient sa mère. Les oeuvres de Gérard Alary sont en effet soutenues par une bande sonore réalisée par Laurent Garnier, les vidéos sont de Hakeem B.
Les trois vies de Georgette sont celles qu'elle a vécues, «avant, au moment de l'apparition de sa maladie et depuis».
Parole d'aidant.
«Les artistes ont su puiser dans MmeG. une énergie créatrice qui illumine cette exposition et que Gérard a su canaliser», décrypte le Pr Bruno Dubois, directeur de l'unité de recherche INSERM neuro-anatomie fonctionnelle du comportement et de ses troubles, à la Pitié-Salpêtrière. C'est lui qui a lancé l'idée d'accueillir les peintures d'Alary au sein du groupe hospitalier parisien. «J'ai vu l'exposition à Marseille (« le Quotidien » du 2 avril 2007) et il me paraissait qu'elle devait être là aussi.» Rappelant que le futur institut Alzheimer ouvrira ses portes à la Salpêtrière à la fin de 2009. Pour le Laboratoire Novartis, qui soutient cette exposition, «il est urgent de valoriser la solidarité des aidants». «Ce travail fait appel à la représentation que l'on détourne. Quelque chose apparaît et ensuite, par le geste, il peut y avoir disparition de cette figure.» Pour mieux comprendre ce qu'a voulu dire l'artiste, faire un détour par le boulevard de l'Hôpital.
« Les trois vies de ma mère », jusqu'au 24 août, chapelle de la Pitié-Salpêtrière, 47, bd de l'Hôpital, 75013 Paris, de 10 h à 18 h.
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