Réforme territoriale, l’exemple de la Normandie

Le redécoupage des régions n’angoisse pas le secteur de la santé

Publié le 08/12/2014
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Le nouveau puzzle territorial qui se dessine aura nécessairement un impact sur l’organisation sanitaire française, aujourd’hui largement régionalisée (ARS, URPS, SROS...). Il faudra ajuster, supprimer le cas échéant, changer surtout des habitudes et adopter de nouveaux réflexes avant le basculement en 2016.

Mais dans les deux régions actuelles de Normandie, la réforme ne semble pas provoquer d’angoisse particulière dans le secteur de la santé. Élus, professionnels et cadres de santé, fonctionnaires territoriaux, mais aussi CHU, laboratoires INSERM ou encore agences régionales de santé (ARS) et CESER (conseil économique, social et environnemental régional) sont désormais tous au travail pour que les choses se passent au mieux.

Les CESER de Haute et Basse-Normandie réfléchissent ensemble aux changements de structures régionales. Les présidents des deux régions les ont missionnés en ce sens dès cet été pour établir un bilan de l’existant. Présenté en début d’année prochaine, cet audit préparera les nouveaux schémas d’organisation territoriale.

Pas de suppression de postes

Dans les villes et les territoires, des réunions publiques sont déjà organisées par les élus régionaux. Dans les salles bien remplies, la première interrogation a souvent trait à l’emploi. Y aura-t-il des suppressions de postes dans les structures en « doublon » (deux CHU, deux ARS, deux CESER...)? « Non ! » assurent à ce stade les présidents de région. Et de souligner notamment qu’il n’y a pas de personnel en surnombre dans les établissements de santé. En revanche, « on peut imaginer voir quelques cadres changer d’affectation comme un directeur général des services », précise Nicolas Mayer-Rossignol, président du conseil régional de Haute-Normandie.

Le bon dosage devra être trouvé dans l’attribution des services administratifs et des moyens au sein de la nouvelle grande région. Quand les rouennais affirment déjà que leur ville est naturellement la future capitale normande, Laurent Beauvais, président de la région Basse-Normandie, ne les dément pas... Mais il ajoute aussitôt qu’il faudra « respecter les équilibres dans la répartition et la réorganisation des services ».

Additionner les forces

Dans les deux CHU de Caen et de Rouen, l’optimisme est de rigueur. Grâce à la réforme territoriale, la « grande » Normandie atteindra des seuils critiques de taille qui lui permettront d’accompagner des projets de recherche beaucoup plus importants qu’aujourd’hui, se réjouit Rémi Heym, de l’hôpital Charles-Nicolle de Rouen.

Faudra-t-il pour autant garder les deux CHU, les regrouper, mutualiser certaines fonctions ? « L’important est de faire travailler tout le monde ensemble », souligne le Pr Pierre Fréger, doyen de la faculté de médecine de Rouen. Avec le Pr Pierre Denise, son homologue de Caen, la concertation est déjà à l’œuvre.

Une réunion des coordinateurs de disciplines médicales des deux facultés est programmée pour que chacun soit informé de ce que fait l’autre. Des échanges systématiques d’internes entre les sites sont envisagés. Cette synergie pourrait permettre, à terme, de mutualiser des enseignements, et de tirer profit de la complémentarité des établissements dans les programmes de recherche. À la faveur de ce changement d’échelle, la région veut croire qu’elle jouera un rôle plus important dans les essais cliniques.

Quid des déserts médicaux et pharmaceutiques dans la future Normandie ? Là encore, l’effet de taille pourrait faciliter la création de maisons de santé pluridisciplinaires dans les bourgs ruraux. La future région pourrait aussi proposer (comme c’est le cas dans l’Orne) des aides très substantielles aux carabins des facultés normandes contre leur engagement d’installation dans les zones fragiles.

Claude Sokolski

Source : Le Quotidien du Médecin: 9372