Quarante ans après la loi Veil, les femmes ont moins recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), mais les avortements répétés sont plus fréquents. « Après avoir diminué de 1975 à 1995, le recours à l’IVG a légèrement augmenté avant de se stabiliser à la fin des années 2000 », indiquent Magali Mazuy, Laurent Toulemon et Élodie Baril de l’Institut national d’études démographiques (INED) qui en ont analysé l’évolution depuis l’adoption le 17 janvier 1975 de la « loi Veil ».
Avec 0,53 IVG par femme en 2011 contre 0,66 en 1975, le nombre moyen d’IVG cours de la vie est en baisse.
Cette stabilité du recours à l’IVG, autour de 210 000 IVG chaque année, est à noter. « On aurait pu s’attendre à une augmentation du fait des modifications de prescription, mais aussi du fait d’évolution dans les comportements au sein de la société française », expliquent les auteurs. En effet, depuis la promulgation de la loi, plusieurs réformes ont visé à en élargir et en faciliter l’accès aux mineures et aux femmes étrangères (2001). « Aucun de ces assouplissements ou élargissements n’a entraîné d’augmentation significative du nombre annuel d’IVG ni de la fréquence annuelle de recours », précisent les auteurs, pas plus l’allongement du délai légal maximal qui est passé en 2001, de 10 semaines de grossesse à 12 semaines que la diffusion de l’IVG médicamenteuse ou la gratuité pour toutes instaurée en 2013. Même l’allongement de la période de « jeunesse sexuelle » résultant du rajeunissement de l’entrée en sexualité des femmes et du retard de l’entrée dans la vie de couple et la maternité, n’a pas eu d’impact sur le nombre de recours à l’IVG.
Davantage d’IVG médicamenteuses
En revanche, la proportion d’IVG dites « répétées » a augmenté de manière continue. Les femmes ayant déjà avorté le font plus souvent à plusieurs reprises, même si le phénomène reste « faible en France » : en 2011, seulement 9,5 % des femmes ont recours deux fois à l’IVG, et 4,1 % trois fois ou plus au cours de leur vie. Dans les années 1970, les IVG répétées représentaient moins d’une IVG sur dix contre près de deux sur dix au début des années 2000, selon l’étude qui s’appuie sur les bulletins obligatoirement remplis par les médecins après tout avortement depuis la loi de 1975. « Mais les IVG pouvaient avoir été précédées d’un ou plusieurs avortements réalisés hors du cadre de la loi, avant sa promulgation en 1975, et non déclarés dans les bulletins », précisent les auteurs. La progression des IVG répétés se poursuit après 1980, les « IVG de rang 3 », c’est-à-dire précédées de deux IVG, devenant également plus fréquentes.
L’âge moyen du recours à l’IVG est passé de 28,4 ans en 1990 à 27,5 ans en 2011 et la moitié des femmes qui y ont recours ont moins de 26,5 ans contre 27,9 ans en 1990.
Même si la loi permet depuis 2001 de pratiquer une IVG jusqu’à 12 semaines de grossesse, les IVG restent précoces. La durée de la grossesse au moment de l’IVG est en moyenne à 6,5 semaines de grossesse en 2011, une baisse légère baisse (6,8 en 1990 et 2005) qui s’explique par la diffusion de l’IVG médicamenteuse (55 % des IVG en 2011 contre 36 % en 2002). Depuis 2008, Les IVG médicamenteuses sont les plus fréquentes : 55 % des IVG en 2011.
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