DE NOTRE CORRESPONDANTE
L'IVG ET LA CONTRACEPTION font partie des priorités identifiées par la conférence régionale de santé en Midi-Pyrénées. Et, sur place, les professionnels du secteur sont mobilisés sur le sujet. Pas question de baisser la garde, au point que la Fédération régionale du mouvement français pour le planning familial en a fait l'objet d'un colloque, afin de sensibiliser les acteurs locaux.
Les derniers chiffres présentés par la DRASS parlent d'eux-mêmes : le taux de recours à l'IVG en Midi-Pyrénées, qui a augmenté de 1 % par an depuis 2002, est de 14,2 pour 1 000, au-dessus de la moyenne nationale (13,8 ‰). Avec d'importantes disparités selon les départements : en Haute-Garonne, département le plus urbain, le taux de recours est de 15,7 ‰, contre seulement 7,7 ‰ dans le Gers, mais c'est étonnamment dans le Tarn-et-Garonne qu'il est le plus élevé, avec 16,9 ‰ (soit des proportions identiques à celles de l'Île-de-France).
Dans le même temps, des données récoltées auprès des officines de santé dans la région traduisent un bond de la délivrance de la contraception d'urgence (Norlevo) : + 50 % l'année dernière. Selon l'assurance-maladie, la délivrance de contraception d'urgence faite aux mineurs représenterait 82 %.
Parmi les femmes qui ont recours à une IVG, 66 % sont actives (48 % travaillent et 19 % sont étudiantes). «Pas question donc de faire un lien entre IVG et précarité», souligne Nassera Menou, cadre de santé publique à la DRASS Midi-Pyrénées, pour qui ces chiffres «révèlent un positionnement particulier des femmes vis-à-vis de la contraception. Baisse de la libido, prise de poids, risques de stérilité… sont autant d'idées reçues qui poussent les femmes à bouder un certain nombre de moyens de contraception».
Autre enseignement de l'enquête : la progression importante des IVG à répétition (30 % des IVG contre 22 % en 2002).
Enfin, la DRASS a aussi mesuré l'accessibilité de l'IVG, dans des délais raisonnables, pour les femmes dans la région. Un éclairage qui révèle que 33 établissements de santé sont habilités pour l'IVG dans la région et que les délais de prise en charge se réduisent. L'IVG médicamenteuse représente 58 % des actes (contre seulement 41 % en 2002). Les femmes et les établissements de santé réagissent donc plus rapidement.
Les réticences des médecins de ville.
Seule ombre au tableau : la prise en charge par les médecins de ville, qui ne représente que 5 % de l'activité totale de la région. D'ailleurs, en Midi-Pyrénées, cette prise en charge n'est possible que dans six des huit départements. «Ce n'est pas parce que les conventions existent qu'elles fonctionnent dans la pratique», estime Nassera Menou. Une gynécologue médicale des Hautes-Pyrénées reconnaît «qu'elle est le seul médecin conventionné de son département pour ce type d'actes, mais qu'elle refuse d'y répondre», avançant «l'impossibilité de répondre dans des délais rapides».
Dans le Gers, une enquête a été effectuée auprès des généralistes du département pour identifier leurs réticences à participer au processus. Tous évoquent une formation lourde pour une rémunération qui n'est pas à la hauteur de leurs attentes, un parcours de soins trop lourd (avec quatre consultations obligatoires) et, pour certains, l'isolement, qui les pousse à s'abstenir de ce genre de pratiques. Voilà qui pourrait expliquer, pourquoi dans le département du Gers, les femmes ayant officiellement recours à l'IVG sont si peu nombreuses, obligées sans doute de se reporter sur des centres hospitaliers plus anonymes, mais aussi éloignés de leur domicile.
Une plate-forme téléphonique à l'hôpital Joseph-Ducuing
L'hôpital toulousain Joseph-Ducuing, réputé pour son expérience en matière de gynéco-obstétrique et d'orthogénie depuis 1975, a été choisi en 2005 pour la mise en place d'une plate-forme téléphonique régionale d'information et d‘orientation des femmes en demande d'IVG. En 2006, la structure a enregistré 1 858 appels. «Nous tenons à disposition une base de données des établissements hospitaliers et des médecins libéraux conventionnés, afin d'orienter rapidement les femmes en demande d'IVG», explique Alain Radigalès, le directeur de l'établissement. «Je pense que nous avons résorbé les besoins intrarégionaux, mais la problématique de proximité n'est toujours pas résolue dans certains départements», évalue-t-il.
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