Huit jours après la présentation d’une étude de l’Inca, le rapport du Pr Bernard Debré pour le compte de l’OPEPS * -qui a été présenté mercredi matin à l’Assemblée nationale- plaide lui aussi en faveur du dépistage de masse. Pour l’urologue de Cochin, l’enjeu du dépistage est en effet triple : « favoriser une meilleure détection des cancers agressifs », rationaliser l’organisation du dépistage actuel en standardisant les procédures médicales, et à moyen terme, développer les instruments permettant une meilleure analyse bénéfice-risque, en vue d’une généralisation du dépistage de masse, sous la forme de campagnes de dépistage organisé.
S’ensuivent plusieurs recommandations de la part des députés et sénateurs de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé. Le rapport Debré demande d’abord que l’on évalue mieux l’agressivité du cancer dès le stade du dépistage. A ce propos, il souligne les « limites d’une mesure ponctuelle du taux de PSA » et fait remarquer que « ce n’est pas tant la valeur brute atteinte par le PSA que le rythme d’augmentation de cet indicateur qui est révélateur des formes cancéreuses agressives. » Il plaide donc, d’une part, pour que l’on institue un « test à part entière » qui permette ce calcul, test non invasif, utilisé par les praticiens et remboursé par l’assurance maladie, et d’autre part, pour que l’on valide d’autres marqueurs que le dosage de PSA.
Le rapport estime aussi qu’on manque d’instruments fins d’évaluation du dépistage actuel. Et notamment du fait de l’impossibilité de différencier si le PSA est utilisé à fin de dépistage ou à diagnostic en cas de signes cliniques avérés. « Identifier clairement le dosage de PSA lorsqu’il est mis en œuvre en tant que test de dépistage » permettrait, selon lui « une clarification des rôles et des responsabilités dans la chaîne du dépistage ». De même est préconisé d’orienter le dépistage « vers sa cible principale, les hommes âgés de 50 à 60 ans. »
A cette fin, Bernard Debré et ses collègues parlementaires prennent position en faveur de l’institutionnalisation de campagnes de dépistage organisé pour le cancer de la prostate. Pour se faire, il pose deux préalables : la définition d’un test de dépistage clairement identifié et reconnu et la mise en place d’une structure pour assurer la promotion du test et le suivi des patients en cas de test positif. Concrètement, l’OPEPS propose que l’assurance maladie adresse à chaque homme de 50 ans, une invitation à doser son PSA, elle suggère une campagne de communication à destination du grand public et des professionnels de santé, accompagnée par « des actions spécifiques en direction des populations écartées du dépistage en raison de conditions socio-économiques défavorables ». Enfin, le rapport Debré estime que c’est au plan départemental qu’il faut organiser le dépistage, comme pour celui du cancer du sein ou colo-rectal.
Paul Bretagne
*Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé
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