La polémique autour de la sécurité du vapotage a à nouveau été relancée cette semaine mais, comme le soulignent certains experts, pour de mauvaises raisons.
Une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), publiée ce mardi 29 septembre, et reprise en boucle dans les médias, pointe vers de « nombreuses anomalies » dans certains composants des cigarettes électroniques.
Défauts de matériel et d’étiquetage
Les auteurs du rapport soulignent que sur 110 analyses chimiques des liquides de e-cigarettes, effectuées au cours d’une « campagne de vérification » en 2014 la DGCCRF a relevé 90 % de produits non conformes : « l’étiquetage n’étant pas adapté à la composition du produit analysé » comme, par exemple, sur la présence ou le taux de nicotine. 6 % de ces produits ont été jugés « dangereux » : pour des motifs d’absence d’étiquetage de danger, ou d’absence de dispositif de fermeture de sécurité pour enfants. Autres résultats mis en avant, concernant les chargeurs de e-cigarettes : sur les 14 modèles analysés, « 13 ont été déclarés non conformes, dont 9 dangereux en raison des risques de choc électrique liés à un défaut d’isolation ».
Message erroné
Face aux interprétations alarmistes qui circulent dans les médias depuis la publication du rapport, le Dr Anne Borgne, médecin tabacologue, présidente du Réseau de prévention des addictions et spécialiste du sevrage tabagique, juge qu’il faut absolument rassurer les utilisateurs de e-cigarettes. « J’ai vu ce matin que tout le monde s’excitait sur le résumé du rapport dans la dépêche AFP, mais il ne faut pas se tromper de message. Qu’il y ait des contrôles de produits, c’est tout à fait normal ! Et sécurisant pour les utilisateurs. Alors, il y a des problèmes de bouchons, d’étiquetage... tout ça est en cours de normalisation par la norme AFNOR, mais il ne faut surtout pas en faire un message “attention, la cigarette électronique est un produit dangereux” ! Insiste-t-elle. Il faut rappeler face à quoi on est – le tabac – avec toute sa dangerosité archi-prouvée et reconnue. La e-cigarette est un produit qui, peut-être, n’a pas une inocuité totale, mais dont la dangerosité par rapport au tabac n’est même pas à discuter. »
Le mal est fait
Pour s’assurer de la bonne qualité des e-cigarettes, la praticienne recommande aux utilisateurs de se rendre dans les boutiques spécialisées, « où les vendeurs ont tout intérêt à vendre des produits corrects pour garder leur clientèle, et qui sont en général de bon conseil », conclut-elle.
Pour Brice Lepoutre, président de l’Association indépendante des utilisateurs de cigarettes électroniques (AIDUCE), contacté en plein congrès ATHS – addictions, toxicomanies, hépatites, sida – à Biarritz, « Les messages qu’on voit passer depuis ce matin sont criminels. C’est scandaleux. Les gros titres disent que la cigarette électronique est dangereuse, or la DGCCRF ne parle que d’étiquettes qui ne sont pas conformes ou de têtes de mort qui ne font pas la bonne taille, s’agace-t-il. Je ne vois pas où est le danger mais le mal est fait. »
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