Le rapport sur « La situation dans le monde 2003 », réalisé par l'UNICEF, n'est pas cette fois centré sur les problèmes mais sur la participation des jeunes aux décisions qui les concernent.
« Il faut écouter les enfants », dit le premier chapitre du rapport. Il est possible et utile, plaide l'UNICEF, de faire participer activement les jeunes à la vie de la famille, de l'école, de la communauté et de la nation. Une participation qui peut prendre toutes sortes de formes, à condition qu'elle soit voulue par les enfants eux-mêmes et définie par eux.
« Alors qu'il y a encore 150 millions d'enfants souffrant de malnutrition dans les pays en développement, que 120 millions d'enfants en âge d'aller à l'école primaire ne sont toujours pas scolarisés, que le VIH contamine 6 000 jeunes par jour et que des enfants souffrent dans la guerre ou travaillent dans des conditions dangereuses, pourquoi est-il si important » de les écouter ?
Parce que leur croissance et leur développement dépendent de leur participation ; parce que les enfants ont prouvé qu'ils peuvent faire bouger des choses ; parce que l'Assemblée générale des Nations unies s'est engagée en mai dernier à édifier « un monde digne des enfants » ; parce que c'est une question de démocratie. L'UNICEF ajoute que la volonté de participation « est innée chez tous les êtres humains » et « prête à être stimulée chez chacun des 2 milliards d'enfants que compte le monde d'aujourd'hui ». Dès la prime enfance, les parents et dispensateurs de soins doivent favoriser l'échange. Lorsque les liens d'affection ne se forment pas ou mal, il peut s'ensuivre une méfiance de l'enfant vis-à-vis des adultes et/ou une incapacité à prendre conscience d'autrui. C'est ce qui risque d'arriver avec les orphelins du sida, de plus en plus nombreux.
A l'école aussi, il faut veiller à la participation de tous, y compris les filles, encore trop souvent exclues (en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, plus de 50 millions de filles ne sont pas scolarisées). Quant aux adolescents, les plus susceptibles de participer, ils sont 100 millions à être marginalisés, maltraités, exploités, négligés. Comme le souligne le rapport, « ils ne sont plus assez jeunes pour déclencher chez les adultes un réflexe protecteur, ni assez vieux pour savoir tirer parti du pouvoir et des possibilités inhérents à la société des adultes ».
Alors, favoriser la participation des enfants, c'est tout simplement « reconfigurer le monde des adultes ». C'est tenir compte des enfants dans les politiques publiques, en les écoutant directement via, par exemple, les parlements des enfants, et non pas seulement par l'intermédiaire de leurs parents.
« Vous, les adultes, dit Khairul Azri, Malais de 17 ans, vous passez à côté de l'essentiel. Quand considérez-vous qu'un enfant est suffisamment compétent pour contribuer et participer ? Si vous ne lui donnez pas l'occasion de participer, il n'acquerra pas cette compétence. Donnez-nous très tôt cette possibilité et regardez-nous voler de nos propres ailes. »
Un passeport pour Emmanuelle Béart
L'actrice Emmanuelle Béart est depuis six ans ambassadrice du Comité français pour l'UNICEF. Des années « qui ont bouleversé » sa vie, dit-elle, en raison notamment de « l'incroyable différence entre ce qu'on lit et ce qu'on voit sur le terrain. Et quand on a vu, on ne peut plus ne pas y retourner ». Une prochaine mission l'entraînera ainsi au printemps dans un pays touché par le sida.
Outre son titre d'ambassadrice, Emmanuelle Béart est maintenant représentante spéciale pour l'UNICEF à New York, première Française nommée à ce poste. Elle a reçu un passeport diplomatique de l'ONU des mains de Jacques Hintzy, président de l'UNICEF-France, qui a notamment rendu hommage à son combat pour dénoncer l'exploitation sexuelle des enfants, au retour d'une mission en Thaïlande, l'an dernier.
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