C'EST À L'OCCASION du dernier Congrès européen de rhumatologie (Eular) qu'ont été présentés les premiers résultats suggérant l'efficacité antiarthrosique du ranélate de strontium. Des travaux préalables avaient mis en évidence l'effet stimulant du procollagène II de ce médicament antiostéoporotique. D'où l'idée d'évaluer son action éventuelle sur l'arthrose lombaire des femmes ayant participé aux deux grandes études de phase III randomisées contre placebo, SOTI (Spinal osteoporosis therapeutic intervention) et TROPOS (Treatment of peripheral osteoporosis), dont l'objectif était de mesurer l'efficacité antifracturaire du ranélate de strontium chez des femmes souffrant d'ostéoporose postménopausique. Il s'agit donc d'une étude a posteriori menée par deux équipes*, l'une belge, l'autre française, qui ont analysé 1 105 dossiers de patientes présentant, à l'inclusion dans les essais prospectifs, une arthrose lombaire documentée. Plusieurs paramètres ont été mesurés sur les données disponibles au début et à la fin des études cliniques, soit au terme de trois ans : la sévérité de l'ostéophytose antérieure et postérieure, l'existence et la sévérité du pincement discal au niveau des espaces intervertébraux L1-L2, L2-L3, L3-L4, L4-L5. Par ailleurs, la douleur a été évaluée par l'échelle de Likert et la qualité de vie par le questionnaire SF-36.
Après trois ans de traitement, 17,1 % des patientes sous placebo présentaient une progression de leur arthrose lombaire, contre seulement 9,9 % dans le groupe sous ranélate de strontium (p = 0,0005). Par rapport au placebo, le traitement actif a diminué de façon significative le nombre de patientes présentant une aggravation de leur pincement discal (p = 0,03). Le bénéfice du ranélate de strontium s'est aussi traduit par une réduction du pourcentage de patientes ayant une aggravation de leur ostéophytose antérieure, sans que cet effet atteigne le seuil de significativité statistique.
Evolution du pincement discal et de l'ostéophytose antérieure.
Si l'on ne considère que le groupe de femmes ayant au moins une fracture vertébrale à l'inclusion, on observe une diminution significative, par rapport au placebo, de la progression de l'arthrose lombaire sous ranélate de strontium (p < 0,0001), ainsi qu'un effet préventif sur l'évolution du pincement discal (p = 0,0002) et de l'ostéophytose antérieure (p = 0,04). En revanche, alors que les patientes ont vu une amélioration de leurs douleurs lombaires (p = 0,03), leur qualité de vie n'a pas significativement été améliorée par le traitement actif.
Pour les auteurs, chez des patientes ostéoporotiques présentant une arthrose lombaire, le ranélate de strontium est donc capable de ralentir la progression de la maladie et de diminuer les douleurs qui lui sont liées.
Bruyère O et coll. « Positive effects of strontium ranelate on spine osteoarthritis progression ».
* Service de rhumatologie de l'hôpital Cochin, Paris, et département d'épidémiologie et de santé publique de l'université de Liège.
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