Ostéoporose de la femme ménopausée

Le ranélate de strontium fait ses preuves à long terme

Publié le 14/02/2007
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LES MESURES de santé publique adoptées récemment vont dans le sens de la reconnaissance du risque fracturaire après la ménopause et de l’importance du dépistage de ces patientes à haut risque afin qu’elles bénéficient le plus tôt possible d’un traitement de l’ostéoporose. Le remboursement d’une ostéodensitométrie, dans certaines conditions, apparaît désormais comme un facteur protecteur du risque fracturaire.

Cet examen est indiqué chez les patientes ayant : une fracture vertébrale ou périphérique survenue sans traumatisme majeur ; une pathologie ou un traitement médical potentiellement inducteur d’une ostéopathie fragilisante ; dans certains cas particuliers, chez les femmes ménopausées, y compris sous TSH à faibles doses. Il est admis que, même en l’absence de fracture, chez une femme ménopausée, le traitement peut être discuté avant 60 ans et doit être discuté entre 60 et 80 ans. La décision de l’extension du remboursement des traitements antiostéoporotiques aux femmes ayant un T score < – 3 ou < – 2,5 accompagné d’au moins un facteur de risque a ouvert la porte à la prévention primaire. A noter qu’un algorithme concernant les facteurs de risque cliniques est en préparation par un groupe de travail de l’OMS, en vue d’affiner l’évaluation du risque de fracture ostéoporotique.

Pour le Dr A.-M. Schott, on peut s’attendre, dans les années à venir, à une amélioration des pratiques et à une diminution des fractures, ainsi qu’à la mise en route d’études épidémiologiques rigoureuses.

Mécanisme d’action original.

Au sein des traitements de l’ostéoporose postménopausique, le ranélate de strontium (Protelos) est venu enrichir les possibilités thérapeutiques en première intention. Il se singularise par un mécanisme d’action original qui consiste à la fois à inhiber la résorption et à stimuler la formation osseuse. Cette dualité permet une amélioration de la microarchitecture osseuse (augmentation de la masse osseuse trabéculeuse ainsi que du nombre et de l’épaisseur des travées) et, par conséquent, une meilleure solidité de l’os. Des données récentes montrent que le ranélate de strontium induit la réplication des ostéoblastes via le calcium sensing receptor et qu’il agit également directement sur l’ostéoblaste. En effet, il augmente l’expression de la protéine ostéoprotégérine (OPG) et diminue celle des RANKL (cytokine produite par les ostéoblastes), ce qui concourt à freiner l’activité de résorption par les ostéoblastes.

L’efficacité antifracturaire du ranélate de strontium a été évaluée au cours de deux grandes études multicentriques internationales, incluant au total près de 6 700 femmes ménopausées ostéoporotiques (dont 1 556 de plus de 80 ans). Elles ont reçu 2 g/j de ranélate de strontium, ou un placebo, et une supplémentation adaptée en calcium et en vitamine D. Dans l’étude SOTI, le ranélate de strontium a réduit de 41 % sur trois ans le risque relatif de nouvelle fracture vertébrale (le bénéfice a été précoce, moins de 49 % au bout d’un an) ; quant au risque de fracture vertébrale avec retentissement clinique (associée à des douleurs rachidiennes et/ou une réduction de taille d’au moins 1 cm), il a été réduit de 52 % à un an. Dans l’étude TROPOS, incluant des patientes dont 45 % n’avaient pas de fracture à l’inclusion, Protelos a montré sa capacité à réduire le risque de première fracture vertébrale de 45 % sur trois ans. Dans une analyse a posteriori chez les femmes âgées d’au moins 74 ans et présentant un haut risque de fracture, une réduction de 36 % du risque de fracture de l’extrémité supérieure du fémur a été observée.

Réduction du risque de fracture vertébrale à cinq ans.

«Les nouveaux résultats montrent la poursuite de l’efficacité antifracturaire de Protelos après cinq ans de traitement, cela dans tous les sous-groupes de patientes présentant les facteurs de risque cliniques majeurs d’ostéoporose, avec une tolérance générale similaire aux données publiées sur trois ans», indique le Pr E. Legrand. Au terme de la cinquième année, la réduction du risque de fracture vertébrale chez les patientes traitées par rapport au placebo est de 33 % dans l’étude SOTI et de 24 % dans l’étude TROPOS. A noter l’existence d’une corrélation entre le gain de densité osseuse fémorale à un an, observé par ostéodensitométrie, et la réduction du risque de fracture vertébrale sur trois ans.

D’après les communications des Drs A.-M. Schott (Lyon), Ch. Roux (Paris), P. Marie (Paris) et E. Legrand (Angers), lors du symposium organisé par Servier, 19e Congrès de la Société française de rhumatologie.

&gt; LUDMILA COUTURIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8106