CETTE MOLECULE synthétisée par les chimistes de l'institut de recherche Servier contient deux atomes de strontium stable, un élément dont les propriétés anaboliques osseuses avaient été suggérées par des observations anatomopathologiques et thérapeutiques ponctuelles. Des études précliniques, in vivo et in vitro sur les effets osseux du ranélate de strontium ont montré un effet original de cette molécule sur le remodelage osseux, avec une stimulation de l'ostéoformation et, en parallèle, une inhibition de la résorption ostéoclastique. Cette constatation débouche sur une nouvelle voie thérapeutique distinguant le ranélate de strontium des autres traitements actuels inhibant la résorption osseuse (bisphosphonates, THS, Serm) ou augmentant la formation osseuse (parathormone) par stimulation sélective sur une population ostéoblastique et avec des effets discutés sur la résorption de l'os cortical.
Les travaux de laboratoire, sur des rates ovariectomisées et sur des singes intacts (Macaca fascicularis) où le remodelage osseux est intense, ont mis en évidence une action du ranélate de strontium sur les cellules ostéoblastiques avec augmentation de la prolifération des préostéoblastes et de la synthèse de la matrice osseuse, et une inhibition de l'expression des marqueurs ostéoclastiques et de l'activité de résorption osseuse.
Augmentation de la masse osseuse.
In fine, l'action du ranélate de strontium aboutit à une augmentation significative de la masse osseuse, à l'amélioration de la microarchitecture osseuse avec une augmentation du nombre et de l'épaisseur des travées et à une réduction de la séparation des travées. On doit noter que cette augmentation de la masse osseuse se retrouve au niveau du corps vertébral qui a une forte proportion d'os trabéculaire et au niveau de la diaphyse fémorale constituée surtout d'os cortical.
Dans le cadre d'une étude de phase II (étude Stratos menée contre placebo), des biopsies réalisées sur des femmes ménopausées, traitées depuis deux ans par ranélate de strontium, l'os nouvellement formé est de bonne qualité au niveau de sa structure et également de sa minéralisation.
Cette même étude a confirmé chez la femme ménopausée ostéoporotique l'efficacité du ranélate de strontium (Protelos à la dose de 2 g/j) en termes d'augmentation de la DMO lombaire et fémorale.
Un vaste programme de phase III destiné à évaluer l'efficacité antifracturaire de Protelos, comprenant deux grandes études internationales multicentriques, randomisées, contrôlées en double aveugle, étude Soti incluant 1 649 patientes avec un T-score lombaire moyen de - 3,6, au moins une fracture vertébrale prévalente pour 87,9 % des patientes, et étude Tropos avec 5 092 femmes âgées en moyenne de 76 ans avec un T-Score fémoral moyen de - 3,1, avec pour au moins une fracture non vertébrale 36,8 %, a montré respectivement une réduction significative du risque fracturaire vertébral de 49 % à un an, de 41 % à trois ans, une réduction de 41 % du risque de fracture du col du fémur sur trois ans et une augmentation significative de la densité osseuse lombaire et fémorale chez les patientes de deux études (+ 14,4 % à trois ans).
L'effet périphérique.
Par ailleurs dans l'étude Tropos, l'analyse statistique préplanifiée, l'analyse en ITT (analyse en intention de traiter) montre une réduction significative de l'incidence des nouvelles fractures périphériques (- 16 %) comparé au placebo. L'incidence des fractures ostéoporotiques périphériques principales (humérus, pelvis + sacrum, côtes, extrémité supérieure du fémur, clavicule, poignet) a été réduite de 19 %, et le risque de fracture du col du fémur de 41 %. L'« effet périphérique » est évalué à 33 %.
Notons également que cette nouvelle molécule, à l'efficacité démontrée dès la période postménopausique précoce jusqu'aux stades les plus sévères et administrable per os, est dotée d'une bonne tolérance comparable à celle du placebo. Il a été relevé une faible augmentation transitoire de diarrhées. Quant aux événements de type œsophagite, gastrite, ulcère gastrique, il apparaît inférieur dans les groupes traités.
D'après un symposium organisé par les Laboratoires Servier, présidé par le Pr Meunier (Inserm U403, Lyon) dans le cadre du 16e Congrès de la Société française de rhumatologie.
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