Ostéoporose postménopausique

Le ranélate de strontium améliore la microarchitecture osseuse

Publié le 11/09/2008
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L'ostéoporose qui expose les patients, notamment les femmes ménopausées, à un risque accru de fractures se caractérise par une diminution des propriétés biomécaniques des os dues à une perte de masse osseuse, mais également à une diminution de la qualité osseuse : altérations du degré de minéralisation et de la microarchitecture (nombre et épaisseur des travées osseuses, espace entre les travées).

S'IL EST DESORMAIS aisé d'apprécier la densité minérale osseuse grâce à l'ostéodensitométrie, les techniques d'exploration atraumatiques de la microarchitecture ne font pas encore partie de la routine. L'équipe lyonnaise (M. Arlot, Lyon) a utilisé la microtomodensitométrie à rayons X sur biopsies de crêtes iliaques pour explorer en 3D l'effet d'un traitement par ranélate de strontium sur la microarchitecture osseuse d'un sous-groupe de femmes ostéoporotiques ayant participé aux études SOTI et TROPOS (21 femmes sous placebo et 20 sous ranélate de strontium à raison de 2 g/jour). La structure trabéculaire était significativement améliorée sous traitement en comparaison de celle observée chez les femmes sous placebo, avec une augmentation de l'épaisseur, du nombre des travées et du volume osseux, une diminution des espaces intertrabéculaires et une augmentation de l'épaisseur corticale. Ces modifications tridimentionnelles trabéculaires et corticales sont en faveur d'une meilleure résistance biomécanique osseuse et participent à la diminution du risque de fracture observée après traitement par ranélate de strontium. Cette efficacité antifracturaire du ranélate de strontium, à la fois sur les fractures vertébrales et sur les fractures non vertébrales (hanche notamment), a en effet été démontrée sur un très large échantillon de patientes avec un recul de huit ans de traitement, comme l'a rappelé C. Roux (Paris). Le traitement est efficace quels que soient la sévérité de la maladie, les facteurs de risque et l'âge des patientes. Ce même auteur, ayant démontré que l'index de cyphose thoracique est un outil prédictif de survenue de fracture vertébrale chez ces femmes ostéoporotiques, a étudié l'évolution de cette cyphose de l'inclusion à trois ans chez les femmes traitées soit par ranélate de strontium (n = 2 038), soit par placebo (n = 2 017). Le ranélate de strontium diminue l'évolution de la cyphose de façon significative, même après avoir exclu de l'analyse les femmes ayant des fractures vertébrales prévalentes ou incidentes à cette période. L'auteur conclut que ce nouvel effet reflète probablement des bénéfices vertébraux additionnels à l'efficacité du traitement pour diminuer l'incidence de fractures vertébrales.

Ranélate de strontium : un double mode d'action innovant.

Le ranélate de strontium agit en augmentant la différenciation et la réplication des ostéoblastes, la synthèse du collagène de type I et la minéralisation osseuse, probablement par le biais d'un effet agoniste sur le récepteur sensible au calcium (CaSR) présent à la surface des ostéoblastes. La stimulation du CaSR participe à l'augmentation de la réplication des ostéoblastes et à l'apoptose des ostéoclastes. Brennan T. C. et coll. (Australie) ont observé invitro que le ranélate de strontium augmente l'expression des ARNm de l'ostéoprotégérine (OPG) et accroît sa sécrétion. Parallèlement, l'expression des ARNm de RANKL (Receptor Activator of Nuclear Factor Kappa B) est fortement diminuée. Ainsi, en agissant sur l'ostéoblaste, sa cellule cible, via le récepteur sensible au calcium (CaSR), le ranélate de strontium à la fois stimule la formation osseuse et freine la résorption osseuse (par la régulation du rapport OPG/RANKL). Le ranélate de strontium rééquilibre ainsi le métabolisme osseux en faveur de la formation d'un os nouveau de qualité, plus solide.

D'après les communications de H. K. Genant (University of California, San Francisco) ; C. Roux (hôpital Cochin, Paris) ; T. C. Brennan (University of Sydney, Australie).

> Dr LAURIE DANJOU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8417