Leader européen et troisième mondial dans le domaine des médicaments dérivés du plasma, la société Octapharma vient de fêter ses 25 ans en organisant, sur son site de Lingolsheim, à côté de Strasbourg, un colloque sur l'avenir de ces médicaments.
Société suédoise fondée par Wolfgang Marguerre en 1983, Octapharma compte quatre sites de production et cinq sites de recherche et développement à travers l'Europe, employant 2 000 personnes. Elle produit 2,2 millions de litres de plasma fractionné par an, dont 420 000 litres dans son usine de Lingolsheim. Celle-ci produit 30 spécialités vendues dans 32 pays et fait actuellement l'objet d'importants travaux, pour un montant de 64 millions d'euros, afin de doubler sa production d'ici à 2011.
Les médicaments dérivés du plasma (MDP) dont les immunoglobulines, les facteurs de coagulation et l'albumine permettent de traiter une centaine de maladies, mais la demande ne cesse d'augmenter, d'une part en raison de l'apparition de nouvelles indications pour les immunoglobulines et, d'autre part, à cause de l'arrivée de nouveaux pays consommateurs, qui ne pouvaient accéder à ces traitements auparavant. De plus, les produits recombinants ayant montré leurs limites, l'albumine, un moment délaissée, fait à nouveau l'objet d'une forte demande.
En France, la législation impose aux producteurs de n'utiliser que des plasmas provenant de donneurs volontaires non rémunérés, alors que la rémunération ou l'indemnisation est courante aux États-Unis et dans plusieurs pays européens. Même si la plasmaphérèse permet de diminuer le nombre de donneurs et de prélèvements qui sans elle devrait être trois ou quatre fois plus important pour obtenir la même quantité de plasma, il importe d'affiner les techniques de production et, surtout, d'attirer de nouveaux donneurs.
Actuellement, l'Allemagne, l'Autriche et la République tchèque sont les principaux pays fournisseurs de plasma en Europe, mais 70 % du plasma utilisé sur le Vieux Continent vient des États-Unis, une situation qui pourrait devenir dangereuse en cas de pénurie mondiale, qui limiterait ces exportations. Une directive européenne prévoit d'ailleurs d'amener les pays de l'UE à l'autosuffisance d'ici à quelques années, en privilégiant le don gratuit, mais sans exclure les donneurs rémunérés. La France, pour sa part, a été récemment sommée par la Commission européenne de revoir entièrement son système de collecte du sang, y compris la question du bénévolat. Même si notre pays reste très traumatisé par l'affaire du sang contaminé, il est sans doute temps de réfléchir au « tabou » du don non indemnisé français, ont estimé le député-maire de Lingolsheim, Yves Bur, et le directeur de l'usine Octapharma, Patrick Selosse. Aujourd'hui, rappelle ce dernier, les conditions de sécurité et de qualité sont identiques pour le plasma « donné » ou indemnisé, même si la société s'interdit d'en prélever dans les pays à forte prévalence de prion pathogène, de VIH ou d'hépatites. Octapharma ne pourrait se passer du plasma collecté aux États-Unis contre indemnisation pour sa production mondiale, mais ce dernier n'est pas utilisé en France, en raison de la législation nationale interdisant le recours à des produits sanguins obtenus de cette manière.
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