LE CONTENU DU PROGRAMME DU PS pour l’élection présidentielle se dessine.
Au terme d’une dizaine d’heures de travail jusque dans la nuit de mercredi, le bureau national du parti – 73 membres dont tous les présidentiables – a adopté à l’unanimité le «projet» 2007 –, du moins ses principales mesures, qui restent à chiffrer – intitulé « Réussir ensemble le changement ».Cette étape est décisive, le premier secrétaire du PS, François Hollande, ayant souligné que ce document «engagera» le candidat socialiste quel qu’il soit. Même si rien n’empêchera le prétendant à l’Elysée (désigné en novembre par quelque 200 000 adhérents) d’apporter ses retouches. Le projet PS doit être débattu dans les sections par les militants avant sa ratification prévue le 1er juillet. Mais de l’avis d’un responsable socialiste qui a participé au texte, «les dés sont jetés». Que lit-on sur la santé et l’assurance-maladie ?
De retour au pouvoir, le PS «reviendra» sur deux mesures jugées «antisociales»: la contribution de 1 euro par acte à la charge de l’assuré (réforme Douste-Blazy de 2004) et le forfait de 18 euros sur les actes lourds (voté dans le projet de loi de financement de la Sécu pour 2006 mais toujours pas appliqué).
Porte d’entrée dans le système de soins.
A noter que le projet du PS n’utilise pas le terme d’abrogation. «Nous sommes dans une logique de remplacement», nuance-t-on rue de Solférino. Nul doute que la remise en cause de ces franchises rouvrirait le débat sur la responsabilisation financière des patients dans un contexte de déficit abyssal de l’assurance-maladie. Au chapitre des idées qui risquent de faire du bruit dans le microcosme médical, le projet socialiste envisage de remettre en cause – à moyen terme – la prédominance du paiement à l’acte, du moins pour la médecine de premier recours. «Nous ferons évoluer les modes de rémunération des soins primaires pour sortir progressivement du primat du paiement à l’acte», peut-on lire. Certes, des forfaits s’appliquent déjà dans plusieurs situations de médecine générale (suivi d’un patient en ALD par le médecin traitant, astreintes...) ; mais le projet socialiste va plus loin dans la diversification de la rémunération des libéraux. «Il ne s’agit pas de relancer une guerre idéologique, tempère le Dr Claude Pigement, responsable national du PS à la santé. Mais de nombreux médecins, et notamment les jeunes, réclament l’évolution des modes de paiement.» Une enquête récente de la FMF auprès des médecins libéraux (8 200 réponses traitées fin 2005) a pourtant révélé que seuls «18%» des praticiens accepteraient que l’on négocie le paiement à l’acte, « pilier » de l’exercice libéral.
Dans la besace présidentielle du PS, on trouve surtout la mise en place d’une «carte de santé jeunes 16-25ans». Cette carte ouvrirait droit à une consultation gratuite par un généraliste «référent» ( «clin d’oeil» du PS au dispositif supprimé par la convention...) avec accès à une prévention et des soins adaptés.Reste à savoir si cette carte « jeunes » serait attribuée sous conditions de ressources ou constituerait un droit universel pour la tranche d’âge considérée. Un point qui fait toujours débat au PS. «Beaucoup de jeunes basculent dans l’exclusion sanitaire ou font des arbitrages au détriment de leur santé, explique Claude Pigement. Au-delà d’un bilan de santé, l’idée est de leur ouvrir une porte d’entrée dans le système de soins et une orientation en cas de problèmes de santé mentale, de sexualité, de dermatologie...; ce sera un levier pour faire évoluer les comportements.» Selon nos informations, des contacts ont été pris avec la Mutualité française pour examiner la faisabilité et le coût de cette mesure phare du PS (pour laquelle l’ancien ministre de la Santé, Claude Evin, se serait beaucoup battu).
Sur l’hôpital, le projet PS ne dépasse guère le stade des déclarations d’intention. Ainsi la volonté de redonner «priorité à l’hôpital, ce qui implique de dégager davantage de moyens financiers»; de recourir à une tarification hospitalière qui «devra mieux prendre en compte les spécificités et les obligations du service public» (sans remettre en cause la T2A) ; ou encore de conduire «un plan de relance de la chirurgie publique» garantissant dans chaque «territoire de santé au moins un pôle de chirurgie».
Parfois, le PS creuse dans une veine existante. C’est le cas lorsqu’il envisage des mesures «financières et fiscales incitatives en partenariat avec les collectivités et les caisses» pour attirer les jeunes médecins dans les zones déficitaires ; ou quand il se donne l’objectif d’ouvrir (sans préciser le calendrier) «500maisons de santé pour tous, appuyées sur les hôpitaux locaux» pour favoriser l’accueil et la prise en charge dans un cadre pluridisciplinaire.
Sur la prévention, le projet socialiste annonce un «grand plan» sur les maladies graves, la généralisation de la «détection précoce» pour les cancers ou encore la création d’une fondation nationale pour le sida avec financements publics et privés. Des mesures sont également à l’étude pour lutter contre l’obésité ou la toxicomanie. Enfin, le PS se propose de «renforcer» les moyens de la santé scolaire et de créer un «service public» de médecine du travail «garantissant l’indépendance des médecins».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature