JEAN-MARIE LE GUEN ne mâche pas ses mots. Avant la présentation lundi du projet de loi de financement pour la Sécurité sociale (Plfss) de 2008, le député PS de Paris tire à boulets rouges contre la réformede Philippe Douste-Blazy . «Elle n'a pas permis de remettre à l'équilibre les comptes de l'assurance-maladie –6milliards d'euros de déficit en 2007–, la maîtrise médicalisée n'a pas fonctionné, l'accès aux soins est de plus en plus difficile...»
Très remonté, le responsable des questions de santé du groupe socialiste à l'Assemblée nationale déplore l'absence délibérée de sauvegarde des finances sociales. Il fustige «des revalorisations inconsidérées des professionnels, des dettes de l'Etat vis-à-vis de la Sécurité sociale, des recettes insuffisantes au regard de l'objectif national des dépenses de l'assurance-maladie (Ondam) ou d'une gestion de trésorerie coûteuse et à la limite de la légalité».
Le financement de l'assurance- maladie est considéré par le vice-président de l'Assemblée nationale comme le dossier «le plus urgent, le plus important et le plus lourd qu'aura à régler notre pays pendant le présent quinquennat». Or Jean-Marie Le Guen constate «une tendance à ne pas financer notre système de protection sociale, une acceptation des déremboursements, le recul de la protection sociale collective et sa privatisation».
Sauvegarder les finances.
Le Parti socialiste s'inquiète en ce sens des orientations annoncées par le Président de la République en matière de protection sociale. «Les aides aux complémentaires santé sont un leurre, s'exclame le responsable socialiste . Quand 3millions sont éligibles à ces aides, seulement un quart y a finalement droit.»
Jean-Marie Le Guen est persuadé que le gouvernement a un «plan caché» pour l'assurance-maladie, qui sera dévoilé à l'issue des élections municipales de mars 2008. « Nous aurons un choc brutal à la fin du 1ersemestre 2007, affirme le responsable socialiste. Cette majorité prépare un plan de déremboursement massif du petit risque par l'instauration d'une superfranchise de plusieurs centaines d'euros.» D'une valeur moyenne de 693 euros par an, les contrats d'assurance complémentaire pourraient dépasser le millier d'euros, estime Jean-Marie Le Guen. «Nous allons entrer dans un système à l'américaine où les petites classes moyennes n'auront plus accès à la totalité d'une couverture obligatoire et complémentaire.»
Le groupe socialiste est pourtant persuadé que le prochain Plfss pourrait permettre de préserver les finances de l'assurance-maladie. «Il y a aujourd'hui le moyen, si le gouvernement en a la volonté, de sauvegarder les finances de l'assurance-maladie à court et à moyen terme –à défaut de faire une vraie réforme», assure Jean-Marie Le Guen.
Les socialistes demandent que plusieurs mesures financières «à la hauteur des enjeux» figurent dans le prochain Plfss pour neutraliser le déficit de l'année : le remboursement par l'Etat de sa dette (5 milliards d'euros), l'attribution à la Sécurité sociale de la totalité des recettes alcool-tabac (3 milliards d'euros), la fin des niches sociales - avec le paiement de la part patronale sur les licenciements (3 milliards d'euros) et des cotisations sociales sur les stock-options (3 milliards d'euros).
Jean-Marie Le Guen est en revanche moins disert lorsqu'on lui demande les mesures préconisées par le Parti socialiste pour assainir à long terme les comptes de la Sécurité sociale : «Nous allons prendre nos responsabilités. Vous aurez un peu plus tard les propositions des socialistes à la hauteur de la situation.»
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