Les « Hollandais » obtiennent la majorité

Le PS à la recherche de son unité

Publié le 14/11/2005
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LA PARTICIPATION a été massive (80 %). La victoire de François Hollande, que l'on disait « fini » après sa défaite au référendum, est donc impressionnante. Elle est rassurante pour les non-socialistes, qui se demandaient si le parti leader de l'opposition n'était pas tenté par une aventure sans lendemain.
M. Hollande peut donc aborder le Congrès du 18 novembre avec un minimum de sérénité. Sa bonne humeur aura néanmoins été douchée par les accusations de fraude lancées par les fabiusiens, qui semblent disposés à poursuivre leur assaut contre les résultats jusqu'à l'annulation du vote. Jack Lang a récusé leur accusation et dénoncé leur manque de fair play. En outre, le NPS demeure, au sein du PS, une force avec laquelle il faut compter et qui peut peser sur les orientations du Parti socialiste jusqu'à les dénaturer.

AU CONGRÈS DU MANS, LE PS FERA OU NON LA PREUVE DE SA CAPACITÉ À GAGNER LES ÉLECTIONS DE 2007

Ce qui se passe à gauche est important.
L'effort d'assainissement entrepris par François Hollande depuis le 29 mai est important pour l'ensemble du pays. La gauche, est-il nécessaire de le rappeler, représente une force d'alternance et de gouvernement. Elle semble hésiter aujourd'hui entre une politique relativement proche du centre-gauche qu'incarne le courant de M. Hollande et un programme plus radical qui serait soutenu par le NPS. Le mouvement Emmanuelli-Montebourg ne pourrait acquérir de l'influence qu'en s'alliant au Parti communiste et à l'extrême-gauche, laquelle s'est beaucoup rapprochée, ces derniers temps, du PC. Tout cela dans un climat exubérant d'une gauche radicalisée et enfin unie, mais seulement en apparence.
Lorsque le NPS et le courant Fabius ont réussi à amener les sympathisants socialistes à voter « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen, en dépit d'un vote précédent au sein du PS qui affirmait le contraire, l'ambition de « gauchiser » le PS en éliminant François Hollande était grande. La victoire du Premier secrétaire constitue un coup d'arrêt à ce mouvement.
Mais un coup d'arrêt provisoire. D'abord à cause des accusations de « triche » qui surprennent l'observateur extérieur mais qui, si elles trouvent un soupçon de confirmation, remettent en cause le résultat ; ensuite parce que les militants, qui ont tourné casaque à propos de l'Europe, peuvent se raviser aussi à l'occasion du congrès du PS, du 18 au 20 novembre, donc dans trois jours, au Mans.

La carte légitimiste.
François Hollande n'a cessé, depuis la victoire de la droite en 2002, de jouer la carte légitimiste : une majorité démocratique se dégage du suffrage universel au sein du parti ; cette majorité dicte non seulement la ligne officielle du PS, mais le comportement de la minorité. Il est clair que celle-ci ne l'a jamais entendu de cette oreille ; et elle a déjà prouvé qu'elle était capable de renverser une tendance. M. Hollande n'a pas de raison de changer de ligne dès lors qu'elle lui a permis de gagner la bataille des « courants ». Mais la gauche du parti s'en tiendra elle aussi à sa méthode dès lors qu'elle lui a permis d'infliger une défaite au traité constitutionnel européen.
Il nous semble que le grand perdant de cette épreuve de force interne au parti est Laurent Fabius. Il n'a jamais, il faut le dire, été crédité de sa sincérité quand il a brusquement changé d'idéologie. Peut-être qu'on lui a fait un procès injuste : tout le monde a le droit de changer d'avis. Il ressort néanmoins qu'il n'a plus les moyens de prendre la tête du PS et a fortiori de se présenter à l'élection présidentielle. Cependant, cette façon de voir les choses a son symétrique : les 19 % de Fabius, additionnés aux 24 % du NPS, montrent que le Parti socialiste est en réalité divisé entre un camp de gouvernement et un camp de contestation et que, dans les 17 mois qui nous séparent des élections, il n'est pas impossible que triomphe au PS le groupe NPS-Fabius en dépit de l'aversion qu'inspirent l'ancien Premier ministre à MM. Emmanuelli et Montebourg.
Nous n'avons pas de doute que, au-delà des exaspérations populaires, la France finit par être gouvernée au centre et que le bon sens populaire s'écarte, au moment du vote, des extrêmes. La « gauchisation » des socialistes ne constitue pas une technique de conquête du pouvoir mais la traduction des frustrations politiques. De sorte que si la droite pouvait émettre un vœu, c'est que les gauchistes s'emparent de la plus grande formation de gauche pour en assurer la défaite à la présidentielle et aux législatives. En fait, pour l'actuelle majorité, elle-même cruellement divisée et accablée par quelques sérieux échecs, le principal espoir réside moins dans sa force de proposition que dans les divisions de l'adversaire.

> RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7842