IL FAUT LE lire pour le croire : 53 socialistes, tous courants confondus, ont signé une contribution thématique de 10 pages sur la santé et l'assurance-maladie, dont le fil directeur se veut la réduction des inégalités dans l'accès aux soins et la promotion de la santé publique. Cette contribution, préparée par la commission Santé, est actuellement soumise au débat dans les sections du PS et devrait être présentée, samedi prochain, au conseil national du Parti. Rappelons que les diverses contributions générales et thématiques alimenteront les grandes motions politiques (sans doute cinq ou six) défendues par les différents courants et ténors du parti.
Mais, pour cette fois, donc, le PS dépasse ses clivages. « C'est la seule contribution thématique nationale transcourants », insiste Claude Pigement, délégué national du PS à la Santé. Parmi les signataires, on retrouve des « hollandiens » (Anne Hidalgo, Claude Pigement), des « strauss-kahniens » (Marisol Touraine, Jean-Marie Le Guen), des « fabiusiens » (Alain Claeys),mais aussi Catherine Génisson, proche de Martine Aubry, ou encore l'ancien ministre de la Santé, Claude Evin.
Que dit leur texte ?
D'abord que la « promotion de la santé publique » (identification et prévention des risques, programme « sur la durée d'une législature », renforcement de l'éducation à la santé dès le plus jeune âge) doit être une priorité. Le ministre de la Santé serait le « seul pilote » de cette politique déclinée localement grâce à la mise en place d' « agences régionales de santé » (ARS) , déjà défendues depuis des années par... l'UDF. Des « états généraux de la santé » seraient organisés, associant les ARS, mais aussi les conseils régionaux. Le succès de ce dispositif régionalisé passe, selon le PS, par une participation accrue des usagers, trop souvent confinés « dans un rôle mineur ».
Un cahier des charges des soins opposables.
Pour les signataires, l'égalité dans l'accès aux soins doit être « la constante d'une politique de gauche ».
La contribution se transforme ici souvent en réquisitoire (déjà entendu) contre la « conception libérale de la santé qui prévaut aujourd'hui », et en particulier contre la réforme de l'assurance-maladie ( « médecine à deux vitesses », « labyrinthe » des parcours de soins). Pour le PS, « il ne devrait pas y avoir d'honoraires libres pour l'accès aux soins et aux équipements essentiels ». Ce postulat conduit les signataires à proposer, « dans chaque activité, un cahier des charges de service public opposable à tous les promoteurs sanitaires ». Autre piste : le lancement d'un « programme de promotion de la chirurgie publique » (voir ci-dessus).
Sur la permanence des soins en ville, la contribution du PS juge qu' « il faudra proposer des dispositions plus volontaristes » si la politique incitative trouve ses « limites ».
Le PS propose également d'engager un « dialogue renouvelé » avec les professionnels autour de quelques objectifs : meilleure formation initiale et continue ; développement des modes d'exercice et des activités en coopération ; diversification de la rémunération (en développant le paiement forfaitaire) ; ou encore droit à l'expérimentation. Le texte suggère au passage de « rétablir » le principe du médecin référent, dont le caractère novateur est jugé « réel ». Côté établissements, le secteur de l'hospitalisation privée serait reconnu, mais mieux « encadré », la contribution pointant le risque de « sélection d'activités et de patients ». A l'hôpital public, le PS juge qu'il faudra « réviser profondément les modalités actuelles de financement à l'activité » qui, selon la contribution, auraient « désorganisé » les établissements et « démotivé » les hospitaliers.
Reste maintenant à savoir ce que les futures motions politiques retiendront de cette première boîte à outils.
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