Sous la houlette de François Hollande et dans la fièvre du congrès de Dijon, les socialistes ont bien cru que, avec le projet de réforme des régimes de retraites, ils avaient enfin trouvé le véhicule de leur retour.
Leur désespoir antérieur explique probablement qu'ils se soient accrochés aux branches et que, pour marquer la résurrection du parti, ils aient négligé quelque peu la sincérité. En d'autres termes, ils ont pris le chemin le plus court et le plus facile : celui de la surenchère et de la captation, à leur profit, de la grogne des manifestants. Parmi eux, François Hollande et Laurent Fabius ont mis de côté leurs propres convictions pour mieux s'inscrire dans l'opposition.
Mais la politique est plus compliquée que la démagogie. Peu à peu se sont élevées, au sein du PS, des voix et non des moindres, celles de Jacques Delors, de Dominique Strauss-Kahn, de Michel Rocard, de Michel Charasse, de Bernard Kouchner, de Jacques Attali, pour dénoncer, sur des chapitres différents allant du grave à l'aigu, la position adoptée par la direction du parti et surtout, pour approuver grosso modo et avec des nuances diverses, le projet Raffarin.
Il est vrai que ces avis autorisés n'ont pas refroidi la ferveur des grévistes ; mais, pour le gouvernement assiégé, les dissonnances des socialistes sont un baume sur le cœur. En politicien plus retors qu'on ne le croit, Jean-Pierre Raffarin, toujours « ouvert » aux idées neuves, les bat froid. Il feint en revanche de s'intéresser davantage aux propositions du Parti communiste : rencontrant Maxime Gremetz, il a accepté bien volontiers de lire le document où le PC a indiqué les quelque 7 000 amendements que M. Gremetz entend déposer à l'Assemblée nationale. Le Premier ministre estime, ou dit, que les propositions communistes sont plus cohérentes que celles des socialistes.
Mais il est lui-même pris dans la nasse : comme un député a commis l'erreur de dire que le gouvernement engagerait sa responsabilité, M. Raffarin a aussitôt diffusé un démenti : il n'est pas question de faire jouer l'article 49 bis de la Constitution (qui permet au gouvernement de mettre un terme à un débat interminable en posant la question de confiance). Dans ce cas, on est en droit de s'interroger : le Parlement va-t-il siéger tout l'été ?
Ce qui est sûr, c'est que les enragés de la grève vont commencer à douter de l'engagement du PS à leur côté. Dommage que la passion les aveugle. Car ce que disent les socialistes favorables à la réforme, c'est tout simplement qu'on ne peut pas mentir au peuple sur les retraites et que le PS, s'il a de l'honneur, doit dire la vérité.
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