DES ETUDES antérieures ont suggéré que, chez les patients ayant un carcinome métastatique, la présence de cellules tumorales circulantes est associée à une courte survie. Les avancées technologiques ont facilité la détection des cellules tumorales circulantes. Le CellSearch System (Veridex) a été développé pour détecter les cellules tumorales dans le sang total.
Forts de ces progrès, les Américains Massimo Cristofanilli et coll. ont voulu tester l'hypothèse selon laquelle les cellules tumorales circulantes peuvent prédire la survie dans le cancer du sein métastatique.
L'étude, prospective, a été conduite dans vingt centres cliniques des Etats-Unis ; elle avait pour objectif d'évaluer l'utilité de la mesure des cellules tumorales circulantes pour prédire la réponse au traitement, la survie sans maladie et la survie globale chez 177 patientes ayant un cancer métastatique du sein.
Le principal critère d'inclusion était un cancer du sein métastatique progressif, mesurable, ainsi que la décision de faire un nouveau traitement systémique.
Prise de sang avant traitement et à la première visite.
Avant la mise en route de ce nouveau traitement, les patients avaient une évaluation des sites métastatiques par l'imagerie standard et on collectait un échantillon de sang pour numération des cellules circulantes. Un autre échantillon sanguin était prélevé à la première visite de suivi, c'est-à-dire environ trois ou quatre semaines après le début du traitement. La réévaluation de la maladie était faite selon les mêmes techniques qu'au début, toutes les 9 à 12 semaines, en fonction du type de traitement reçu.
Le groupe contrôle était constitué de : 72 femmes non ménopausées et 73 femmes ménopausées en bonne santé ; 99 femmes ayant une maladie bénigne du sein ; 101 ayant d'autres maladies non cancéreuses.
Sans entrer dans les détails, les résultats sont schématiquement les suivants :
- chez les femmes qui avaient au départ 5 cellules tumorales ou plus pour 7,5 ml de sang total, la survie sans progression de la maladie était de 2,7 mois, contre 7 mois chez celles qui en avaient moins de 5 par 7,5 ml ; et la survie globale était de 10,1 mois contre plus de 18 mois ;
- à la première visite après mise en route du traitement, la différence entre les deux groupes persistait : pour la survie sans progression de la maladie : 2,7 mois contre 7 mois ; pour la survie globale : 8,2 mois contre plus de 18 mois.
« Les résultats de cet essai indique que, dans le cancer du sein métastatique, le niveau de cellules tumorales circulantes avant la mise en route d'un nouveau traitement - et, plus important peut-être, à la première visite du suivi - est un élément prédictif utile de survie sans progression et de survie globale. »
La stratification des patientes.
Les implications pronostiques d'un niveau élevé de cellules tumorales circulantes pour les patientes ayant un cancer métastatique du sein et qui commencent un nouveau traitement représentent l'opportunité de stratifier les patientes dans des études d'investigation. Un taux de progression très court à la première visite chez des patientes ayant des taux élevés de cellules circulantes suggère qu'elles reçoivent un traitement inefficace.
Les auteurs estiment que leurs résultats ne doivent pas être extrapolés aux patientes qui n'ont pas de maladie mesurable et à celles qui commencent un nouveau régime thérapeutique (hormonothérapie, immunothérapie).
«New England Journal of Medicine » du 19 août 2004, pp. 781-791.
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