Création d'une caisse d'assurance-maladie réservée aux étrangers, suppression du remboursement du petit risque par la Sécurité sociale qui serait pris en charge par des assurances privées ou des mutuelles, suppression des contraintes conventionnelles pour les médecins, abrogation des lois sur l'IVG, dépistage systématique du SIDA, rétablissement du contrôle sanitaire aux frontières : les mesures que propose Jean-Marie Le Pen s'inspirent de ce qui constitue le corpus idéologique du Front national : xénophobie - au moins pour les ressortissants hors Union européenne -, réhabilitation de la préférence nationale, retour à l'ordre moral et aux valeurs traditionnelles, repli sur l'Hexagone, auxquels s'ajoute une certaine propension à la déréglementation et au libéralisme économique du moins limité au territoire national.
Ce programme est avant tout éthiquement condamnable. Mais il est aussi, selon la plupart des experts, fondé sur des analyses erronées, économiquement contre-productif, voire impossible à mettre en œuvre.
La volonté de créer une caisse maladie pour les immigrés repose sur un présupposé frappé au sceau de la xénophobie : les étrangers dépenseraient plus et creuseraient le déficit de l'assurance-maladie. Ils viendraient voler le pain social des Français, ce que les études démentent, comme le rappelle Jean de Kervasdoué.
Sa mise en œuvre ferait litière de la notion de solidarité entre les différentes couches de la population qui est la base de la Sécurité sociale. La suppression du remboursement du petit risque par la Sécurité sociale accroîtrait les inégalités dans l'accès aux soins, les plus démunis n'ayant pas les moyens de souscrire des assurances-maladie complémentaires.
Fonder l'embauche de médecins hospitaliers sur des critères de nationalité et non de compétence est unanimement condamné par la communauté hospitalière. Cette mesure poserait, en outre, de graves problèmes de focntionnement aux hôpitaux. L'abrogation des lois sur l'IVG constituerait une régression que la société française n'est pas prête à accepter : ce serait le retour aux avortements clandestins ou aux IVG pratiquées à l'étranger pour celles qui en ont les moyens. L'établissement du contrôle sanitaire aux frontières, qui nécessiterait du reste des moyens considérables, est contraire aux engagements internationaux et repose sur l'illusion qu'il serait possible d'interdire la libre circulation des maladies. Quant au dépistage systématique du SIDA, c'est, là encore, un projet dont on sait bien qu'il témoigne essentiellement d'une obsession idéologique - la stigmatisation des malades du SIDA - que de la volonté de lutter efficacement contre la maladie. Qui peut imaginer sérieusement de faire subir régulièrement des tests de dépistage à toute la population ?
Ce n'est pas une réforme cohérente et réfléchie du système de santé, capable d'améliorer la qualité des soins, de maîtriser les dépenses maladie que propose Jean-Marie Le Pen, c'est une série de recettes témoignant des fantasmes, des obsessions et de la glaciation de la pensée de l'extrême droite.
Le projet santé de Jean-Marie Le Pen : un dangereux retour en arrière
Publié le 02/05/2002
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Bruno KELLER
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7120
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