De notre correspondant
LA CDU (chrétiens démocartes) et la CSU (chrétiens de Bavière), qui ont régné sur l'Allemagne avec Helmut Kohl de 1982 à 1998, ont présenté il y a quelques jours ce qu'elles considèrent comme l'avenir du système de santé, à savoir un prime mensuelle fixe de 109 euros par adulte, complétée par une contribution patronale de 60 euros par salarié. Ces 109 euros, complétés le cas échéant par la part patronale, doivent se substituer aux cotisations prélevées sur les salaires avec, selon la CDU-CSU, l'avantage de la clarté et de la lisibilité. A l'assuré ensuite de décider lui-même quelle caisse de maladie lui fournira les meilleures prestations, et aux caisses de choisir, elles aussi, les prestataires médicaux et non médicaux qui leur offriront le meilleur rapport qualité/prix.
La « prime de santé » sera synonyme de clarté « car on parlera dorénavant en euros et en centimes, et non plus en pourcentage », explique la CDU-CSU. De même, les médecins, hôpitaux et autres prestataires seront retenus par les caisses en fonction de la qualité et du coût de leurs prestations, ce qui favorisera « une réelle concurrence et donc une baisse des prix », toujours selon l'opposition. Il y aura par ailleurs des réductions, voire des remises de prime, pour les personnes chez qui les 109 euros représentent plus de 7 % de leur revenu mensuel brut.
Grande inquiétude des médecins.
Mais le projet de la CDU-CSU a déjà réussi à faire l'unanimité contre lui, bien au-delà du gouvernement social-démocrate qui en dénonce l'inspiration et l'irréalisme bureaucratique. Les professionnels de santé, et en premier lieu les médecins, s'inquiètent de la « concurrence sauvage » entre les prestataires et de la baisse de qualité qui résulterait de son application. Ils mettent en doute les calculs financiers de l'opposition.
De plus, le plan a failli faire éclater l'union entre la CDU et la CSU bavaroise, en écornant sérieusement l'image d'une « union prête à prendre la relève » qu'elle se donne depuis les dernières élections. La CSU bavaroise, longtemps sceptique sur le projet, ne l'a finalement accepté que pour éviter une crise majeure avec sa « grande sœur » de la CDU, mais au prix de la démission fracassante de son plus célèbre expert en santé, l'ancien ministre Horst Seehofer.
Il avait mené à bien les grandes réformes de la santé du gouvernement Kohl entre 1992 et 1998, et il a préféré abandonner ses fonctions au sein de l'opposition plutôt que d'avaliser un plan qu'il a farouchement combattu. Enfin, le parti libéral (FDP), ancien allié de Helmut Kohl, le rejette lui aussi sans réserves.
Au bout du compte, le « projet d'avenir » de la CDU-CSU se traduit déjà, pour elle, par une chute dans les sondages et une remontée de la popularité du gouvernement Schröder. Lequel réfléchit de son côté à une réforme du système des cotisations sociales, qui serait remplacé par une « assurance universelle » avec des sources de financement multiples. Un projet à long terme, assure-t-on à la Chancellerie, sans toutefois trop se presser : les déboires de la CDU sont en effet du pain bénit pour elle, qui préfère les observer d'un œil moqueur plutôt que d'annoncer à son tour une réforme d'envergure dans ce domaine.
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