O UTRE ses 15 coprévenus, Monique Beljanski n'était pas seule, la semaine dernière, face au tribunal correctionnel de Créteil qui la jugeait pour exercice illégal de la pharmacie : des malades sont venus la soutenir et témoigner des vertus, selon eux, des produits mis au point par son mari Mirko, décédé en 1998. Ainsi le président de l'association CIRIS (qui informe les malades sur ces produits), mis en examen « à sa demande », assure avoir triomphé de plusieurs maladies liées au SIDA en obtenant de Mirko Beljanski un traitement dès 1985. De même plaident pour les produits Beljanski une femme contaminée par le VIH il y a dix-sept ans lors d'une transfusion, un ancien directeur de recherche au CNRS souffrant d'un cancer de la prostate, un pêcheur de 75 ans atteint d'un cancer de la gorge, un agriculteur victime d'un cancer du pancréas ou un ancien journaliste de « Minute » qui « aurait dû mourir en septembre » d'un cancer...
Face à eux, les représentants des associations partie civile, comme AIDES ou la Ligue nationale contre le cancer, qui s'inquiètent de la disponibilité de produits pour lesquels certains patients abandonnent les autres traitements. Et le poids d'un rapport d'expertise réalisé en 1994 à la demande du ministre de la Santé d'alors, Philippe Douste-Blazy : coordonné par le Pr Jean-Paul Lévy (responsable de l'Agence nationale de recherche sur le SIDA) et s'appuyant sur les travaux de quatre équipes (Institut Pasteur, hôpital Bichat et la Pitié-Salpêtrière, à Paris, Strasbourg), il concluait à l'inefficacité du PB 100, le produit-phare de Beljanski, contre le VIH et l'estimait même dangereux.
Monique Beljanski estime que son mari a été victime de la science officielle, à commencer par le prix Nobel Jacques Monod, qui aurait « considéré qu'il fallait barrer la route à Mirko ». Et son avocat enchaîne : « Mme Beljanski a consacré sa vie à aider son mari pour la qualité des produits », « avec désintéressement », « de bonne foi ».
Mais le substitut du procureur n'a aucun doute sur la nocivité du système : « Je veux dire haut et fort que les produits Beljanski sont totalement inopérants (...) Quelques déclarations de malades, quelques expériences inachevées ne sauraient remettre en cause le principe de leur inefficacité. » Et il ajoute : « Nous sommes dans un système sectaire, qui a pour objectif pur et simple la recherche d'un profit... Certains flux entre sociétés ou associations, parfois basées à l'étranger, s'élevaient à 16 millions de francs sur un an. » Au passage, le substitut a souligné la responsabilité des professionnels de santé, un médecin et quatre pharmaciens, impliqués dans la distribution des produits. Il a donc requis deux ans de prison avec sursis et 500 000 F d'amende au maximum contre Mirko Beljanski et des peines de 18 à 24 mois de prison et de 200 000 à 500 000 F d'amende pour les autres prévenus.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature