Il n'était pas utile de traîner Ariel Sharon devant la justice belge : il est déjà poursuivi en permanence par la presse, les gouvernements et l'ONU.
Cent quatorze Etats, dont les représentants étaient réunis pour examiner les problèmes posés par la protection des populations civiles, ont appelé Israël à respecter la quatrième convention de Genève. Il est curieux que l'Autorité palestinienne n'ait pas été sommée par les mêmes Etats de faire preuve du même respect, alors que tout le monde s'indigne de la remise en cause de sa souveraineté par les raids israéliens.
S'il est vrai que des civils sont victimes des bombardements israéliens, aussi « ciblés » qu'ils soient, il est tout aussi vrai que, tous les jours, des kamikazes palestiniens assassinent délibérément des civils israéliens.
Mais de Koffi Annan à Jacques Chirac, de l'Italie à la Turquie, pourtant alliée d'Israël, c'est le monde entier qui demande à l'Etat hébreu de mettre fin à ses représailles, et se retrouve dans le même camp que l'Irak, lequel a l'audace de « condamner » les raids, en oubliant qu'il a lancé 39 fusées SCUD contre les civils israéliens pendant la guerre du Golfe.
Seuls les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont reconnu le droit de légitime défense d'Israël ; et en France, seul le courageux Patrick Devedjian, pourtant porte-parole du RPR, a dit tout haut ce que M. Chirac pense sans oser le dire, à savoir que Yasser Arafat est duplice ou complice du terrorisme.
A l'unanimité, lundi, la presse française a dénoncé les attentats de Jérusalem et de Haïfa. A l'unanimité, mercredi, elle a condamné les raids de représailles. Et tous d'accuser Sharon, ce monstre sanguinaire, comme s'il était logique d'exiger d'un militaire endurci qu'il réponde au crime en tendant à Arafat une branche d'olivier. Comme si la stratégie d'Arafat ne consistait pas, depuis plus d'un an, à attirer systématiquement sur les Palestiniens, son peuple, les foudres d'Israël, dans l'espoir d'internationaliser le conflit et d'obtenir, grâce à la pression des grandes puissances, ce qu'il ne peut pas avoir par la guerre, si cruelle et si injuste qu'elle soit.
S'il est vrai que Sharon n'a pas envie de négocier, s'il est vrai qu'il n'est pas disposé à accorder aux Palestiniens ce qu'ils avaient obtenu d'Israël mais qu'ils ont rejeté avec dédain, s'il est vrai que le vieux général n'a ni projet politique ni vision de l'avenir, il demeure qu'il ne fait pas autre chose que ce que les Américains font en Afghanistan, les Turcs contre les Kurdes, l'Irak contre les chiites, la France contre le terrorisme. Il n'y a pas de morale dans une crise où ne survit que celui qui frappe le plus fort. Mais Sharon n'a pas inventé le cynisme en politique et il lutte contre des gens qui, sur ce point, peuvent lui donner des leçons.
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