Le Généraliste. La tutelle régionale sur la médecine de ville est nouvelle. Quels sont les moyens financiers pour accomplir cette mission ?
On constate pour un certain nombre de dossiers qui étaient financés par les Ficqsv (Fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins, ndlr) que nous n’avons pas de déblocage visible des financements. Et puis il y a les budgets permanence des soins pour lesquels on a l’impression qu’il y a des coupes budgétaires plus ou moins obscures. On a une petite frustration sur les budgets et leur manque de lisibilité.
Comment les ARS appréhendent-elles la médecine libérale, compte tenu du fait que l'assurance maladie contractualise toujours avec les médecins libéraux ? Comment les choses s'articulent-elles ?
Certaines ARS prennent globalement bien en compte la médecine libérale. C’est le cas de la mienne, en région Poitou-Charentes. Il y a une articulation à trouver entre assurance maladie et ARS, une coordination à mettre en place entre les CPAM et les ARS, ce qui pourra peut-être s’avérer le plus problématique à long terme. Sur certains sujets, on ne sait pas trop qui fait quoi. Il va falloir un travail harmonieux et en complémentarité entre les deux structures.
Quelle est la place de la médecine générale dans les projets des ARS ?
La médecine générale est forcément prise en compte mais il faudrait qu’elle sorte de ce « ghetto » qu’est le premier recours. Que peut la médecine générale seule quand la démographie est défavorable dans cette discipline mais dans toutes les autres également ? Pas grand-chose. En Poitou-Charentes, nous avons intégré d’autres spécialités dans l’organisation de premier recours.
Quel rapport les ARS entretiennent-elles avec les URPS ?
Les fédérations des URPS ne sont pas en place, notamment parce que les URPS des biologistes ne sont pas créées. Mais il y a un travail en commun, avec des rencontres régulières. En Poitou-Charentes, on se réunit une fois par mois. On travaille pas mal sur la prévention, sur le soin aux soignants. On dispose des données du Sniiram (Système National d'Information Inter-Régimes - Assurance Maladie, ndlr), ce qui nous permet d’avancer. Et cela soude les URPS entre elles.
Les ARS ont-elles les moyens juridiques et budgétaires de mener des projets avec la médecine de ville ? Les SROS ambulatoires ne sont pas opposables par exemple.
Les moyens juridiques, oui. Pour ce qui est des moyens budgétaires, il faut voir l’enveloppe. Mais il y a du grain à moudre, bien sûr. Il faut cependant regarder la cohérence du système avec la convention nationale. Le Schéma régional d’organisation des soins est une bonne chose en soi, mais il peut y avoir des projets qui collent plus au terrain encore, sur un bassin de vie par exemple.
Dans quels domaines les ARS interviennent-elles le plus ?
La permanence des soins, sous toutes ses formes. S’il y a un domaine en retard, en revanche, c’est celui de la prévention. Et le médico-social est un peu laissé de côté, c’est un fait. Le zonage en ce qui concerne les médecins a été traité dans des conditions correctes, me semble-t-il. Là, les ARS travaillent sur le zonage pour les autres professions de santé. Les ARS ont mené de front un certain nombre de choses. Le bilan montre un travail important. Le problème, c’est le budget. Il y a des moments où on se demande si on ne gère pas la pénurie.
Quelles sont leurs priorités sanitaires ?
P.B. Il y a un socle commun aux régions avec des problématiques légèrement différentes çà et là. En matière de prévention des cancers, par exemple, il est évident que l’on ne va pas gérer les choses au niveau de la région. Mais ici ou là, il y a des spécificités. Dans ma région, on s’intéresse pas mal aux personnes âgées, et au suicide des jeunes. Mais dans d’autres ARS, on travaille sur d’autres choses. La médecine de montagne, par exemple, peut être une spécificité importante. Je dirais qu’il y a en gros 10 à 15% d’adaptations régionales dans les priorités sanitaires travaillées par les ARS. J’ai en ce qui me concerne des doutes sur la pertinence de la taille de la région. C’est un échelon finalement assez modeste. Pour avoir une vraie cohérence nationale, il faudrait avoir une taille supérieure. J’ai d’autres doutes s’agissant de l’articulation entre le payeur et le décideur. Mais à ces réserves près, je trouve que le travail avance bien.
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