Premier Scandinave à recevoir le prix Nobel de médecine, Niels Ryberg Finsen est né le 15 septembre 1860 à Thorshavn aux Îles Féroé. À quatorze ans, ses parents l’envoyèrent au collège d’Herlufshom, près de Copenhague, où son frère Olaf était déjà pensionnaire. Mais ce séjour se passa mal. Alors que son aîné était un brillant élève, Niels Finsen accumulait les mauvaises notes, le directeur de l’établissement scolaire écrivant à ses parents que « s’il avait un grand cœur et de la bonne volonté, il manquait singulièrement de compétences et d’énergie ». Son père, qui était d’origine islandaise, envoya alors Niels poursuivre ses études à Reykjavik, à la Lær?i skólinn, l’école où lui-même avait étudié. Le cancre un peu rêveur se mua miraculeusement en un élève doué dans toutes les disciplines.
La photothérapie comme cheval de bataille
En 1882, Finsen s’inscrivit à l’université de médecine de Copenhague mais très vite il ressentit les premiers symptômes d’une affection au long cours très grave, la maladie de Niemann-Pick, une lipidose lysosomale complexe avec hépatosplénomégalie et atteinte neurologique progressive. Finsen, qui se savait condamné à devenir invalide, eut alors l’intuition que l’exposition à la lumière du soleil pourrait lui être bénéfique. Il concentra dès lors ses recherches sur les causes physiologiques des effets de la lumière et fit de la photothérapie son cheval de bataille. Il montra que la lumière est composée de différents types de radiations dont les « rayons chimiques » (en fait, les ultra-violets). Finsen va étudier aussi sur lui-même le rôle des pigments sur l’atténuation des érythèmes photochimiques. La susceptibilité parfois extraordinaire de certaines peaux normales lui fit déduire que, dans certains états morbides, les rayons chimiques devaient exalter particulièrement les états suppuratifs et inflammatoires. Ayant remarqué que chez les varioleux, les cicatrices sont toujours plus marquées aux points découverts — les mains et le visage – Fnsen imagina de les traiter à la lumière rouge.
Un traitement miraculeux contre le lupus
Finsen fit ensuite l’application de l’action bactéricide des radiations chimiques au traitement du lupus vulgaire et obtint des succès si frappants que fut créé en 1896, à Copenhague, l’Institut Finsen de radiothérapie fonctionnant à la fois avec des fonds publics et privés. En 1902, selon la dernière publication réalisée par Finsen, 804 malades soufrant de lupus étaient passés sous sa dermo-lampe. 412 étaient guéris et 192 presque guéris. Il n’était question d’échec que dans 2 % des cas. Devant ce succès, des malades affluèrent bientôt de toute l’Europe au « Lysinstitut » où œuvraient 6 médecins et 60 infirmières.
Mais, cloué par la maladie dans un fauteuil roulant, la maladie dont il souffrait depuis l’adolescence s’étant compliquée d’une grave lésion cardiaque, de complications hépatiques et d’hydropisie, Finsen ne put à partir de 1903 qu’accompagner de ses conseils ses dévoués collaborateurs de l’Institut. Récompensé du prix Nobel de médecine cette même année « en reconnaissance de sa contribution au traitement des maladies, particulièrement le lupus vulgaris par une concentration de radiations lumineuses, ouvrant ainsi une nouvelle avenue à la science médicale », le médecin danois reçut cette distinction avec sa modestie habituelle, remarquant, sachant ses jours comptés, que si on l’avait choisi c’est parce qu’on savait qu’après il serait bien trop tard. Finsen mourut peu de temps après, le 24 septembre 1904.
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