Le prix Epidaure de la recherche en médecine et en écologie comprend théoriquement quatre volets : recherche en médecine praticienne, recherche clinique et épidémiologique, recherche technologique et/ou industrielle, promotion et communication. Cette année, le jury de 18 membres présidé par le Pr Jean-Pierre Bader n'a décerné que deux prix, mettant la microbiologie et l'épidémiologie à l'honneur.
@ Philippe Despres (docteur en biochimie) et Marie Flamand (docteur en microbiologie option virologie) sont chargés de recherche à l'Unité des arbovirus et fièvres hémorragiques du département de virologie de l'Institut Pasteur (Paris). Ils sont récompensés pour leurs travaux sur les bases moléculaires de la virulence du virus de la dengue, arbovirose qui touche 100 millions de personnes par an et menace les 2 milliards d'habitants des zones tropicales et subtropicales où le vecteur de la maladie, le moustique hématophage Aedes aegypti est présent. La dengue entraîne chaque année plus de 500 000 hospitalisations et plusieurs milliers de décès d'enfants, particulièrement sensibles à la forme sévère de la maladie.
Les auteurs ont démontré, pour la première fois, que les souches du virus de la dengue isolées chez l'homme ont la capacité de provoquer la mort par apoptose des cellules de mammifères cibles in vivo de l'infection virale. Par ailleurs, ils ont détecté la glycoprotéine NS1 sous une forme soluble dans la circulation sanguine des patients durant la phase clinique de la maladie, ce qui constitue un marqueur diagnostique précoce de la maladie, alors que jusqu'à présent aucun facteur prédictif n'a pu être mis en évidence. Un test ELISA a été développé et il permet de quantifier la forme sécrétée de la glycoprotéine NS1 dans les sérums de patients infectés par le virus de la dengue.
Ce sont ces retombées intéressantes pour la prévention de la maladie que le jury a notamment appréciées, en relevant également la jeunesse des candidats (40 et 37 ans) et de l'équipe (présence de 3 doctorants).
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Leïla Golfti-Laroche, pharmacienne de formation qui s'est orientée en santé environnementale (formation doctorale de Grenoble sous la direction du Dr Zmirou), travaille sur le risque infectieux lié à l'eau. Les traitements classiques de désinfection ont pour inconvénient d'éliminer les indicateurs et d'avoir une efficacité limitée vis-à-vis d'agents tels que les virus et les parasites ; il fallait donc chercher des indicateurs plus fiables et trouver des moyens d'évaluer plus précisément le risque sanitaire. Leïla Gofti-Laroche a mis en parallèle le suivi épidémiologique de populations alimentées par des ressources en eau, vulnérables et d'origines différentes, et le suivi microbiologique de l'eau avec analyse parasitologique et virologique. Ce dispositif a permis de relier la survenue de troubles digestifs (endémique et avec un épisode épidémique) à la présence de virus ou de parasites alors même que les germes-tests étaient absents. Selon ce travail, dont le jury a salué
« l'excellent niveau scientifique », les
Giardiaet les
Astrovirusapparaissent comme des indicateurs prédictifs de risque. Là encore, la recherche ouvre des perspectives à la prévention et aux acteurs de santé publique.
Un prix créé par « le Quotidien »
Le prix Epidaure (du nom de la ville grecque où se trouve le temple d'Esculape, le dieu de la médecine, mais aussi « épi d'or », symbole de moissons fertiles) a été créé en 1993 par « le Quotidien du Médecin » pour promouvoir la recherche sur les liens spécifiques entre médecine et écologie. Il souhaite faire émerger des données scientifiquement établies, susceptibles d'être diffusées auprès de l'opinion publique et surtout des pouvoirs politiques, pour que ceux-ci puissent s'y référer dans l'exercice de leurs responsabilités.
Le prix Epidaure est parrainé par la Fondation pour la recherche médicale, qui soutient des actions correspondant à sa vocation : transmettre au public une information en prise directe avec la recherche et favoriser le débat scientifique au sein de la société.
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