Le gouvernement a adopté une mesure radicale en interdisant aux tankers à coque unique de croiser au large des côtes françaises. Le problème de la pollution de nos côtes n'en est pas réglé pour autant.
Ne serait-ce que parce qu'un dégazage sauvage a pollué le littoral du cap Saint-Martin et de Menton il y a quelques jours : que faire contre ces comportements criminels ? Il n'est pas toujours possible de retrouver le navire coupable.
Mais le comble du scandale est atteint par l'insuffisance de provisions du FIPOL, fonds international destiné à financer les indemnités liées à la pollution par le pétrole. Celle qu'a causée le « Prestige » a été évaluée par la justice à un milliard et demi d'euros. Le FIPOL ne peut pas payer parce qu'il n'a en caisse que le dixième de cette somme. Mais le FIPOL a été créé par les transporteurs de pétrole pour financer les dégâts provoqués par la pollution. En l'occurrence, ils ont fixé ce financement à un niveau très insuffisant.
C'est d'autant plus irritant que les compagnies pétrolières du monde entier affichent pour 2002 et pour le premier trimestre 2003 des bénéfices considérables. Le prix du pétrole a en effet augmenté dès que les Etats-Unis ont envisagé d'envahir l'Irak et tous ceux qui font commerce de pétrole ou s'occupent de son raffinage ont bénéficié de la hausse des prix.
Les sommes mises de côté par les pollueurs éventuels ne doivent pas être établies par eux, mais par un organisme international qui établirait le coût moyen annuel de la pollution. C'est en effet trop facile de dire : nous ne pouvons pas payer parce que nous n'en avons pas les moyens. Si le FIPOL n'est pas approvisionné comme il se doit, il peut tout aussi bien ne pas exister.
Comme on l'a vu avec le « Prestige », dernière en date d'une série de catastrophes, la pollution pétrolière se traduit par des ravages non seulement dans la nature, mais chez les populations qui vivent du littoral (industrie touristique, pêcheurs, ostréiculteurs). Ces côtes et les gens qui y vivent sont soumis au mépris des pétroliers et des transporteurs, qui s'abritent derrière le déchaînement des éléments pour refuser toute responsabilité, alors que des mesures de prévention et de financement automatique doivent être mises en place. Il n'y a pas en effet une industrie qui serait supérieure à une autre. Et on ne voit pas pourquoi l'industrie pétrolière bénéficierait d'une sorte d'immunité judiciaire qui ferait de la pollution non pas l'œuvre néfaste des hommes, mais une sorte de fatalité comme la pluie ou la sécheresse.
L'expérience a en outre démontré que la pollution n'est plus une exception, mais la règle, qu'elle se produit assez souvent et provoque assez de dégâts pour que des mesures de protection soient prises à long terme. Et que les pollueurs soient enfin les payeurs.
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