INVITÉ des « Amphis de la santé », organisés conjointement par l’Association des cadres de l’industrie pharmaceutique (Acip), l’école supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) et « le Quotidien du Médecin », le Dr Dinorino Cabrera, président de l’Union nationale des professionnels de santé (Unps), devait plancher sur le thème « Pénurie et compétences peuvent-elles faire bon ménage ? ».
L’occasion était belle pour ce leader syndical, par ailleurs président du SML (Syndicat des médecins libéraux), d’enfourcher l’un de ses chevaux de bataille, à savoir la régulation de la liberté d’installation.
Premier constat du Dr Cabrera : «Plus il y a de médecins dans une région, plus il y a d’actes. Car la pléthore médicale entraîne bien souvent la réalisation d’actes que je qualifierai d’alimentaires, ce qui coûte cher à la collectivité. Un jour ou l’autre, nous n’échapperons pas à la régulation de la liberté d’installation.»
Une certitude si bien ancrée que Dinorino Cabrera n’hésite pas à répéter qu’il faut «prévenir les actuels bacheliers que ça viendra. Les médecins de demain n’y couperont pas. Il faut d’ailleurs que la profession comprenne que c’est son intérêt».
Une petite pique au passage sur les Urml qui, «actuellement, ne servent quasiment à rien» et qui, «si elles veulent servir à quelque chose, devraient analyser cette situation» (lire sur ce thème notre dossier en pages 6 et 7). Comme un participant lui faisait remarquer que, «en matière d’installation, on ne peut plus laisser faire le tout libéral, il faut aussi réguler le nombre de spécialistes, spécialité par spécialité», le Dr Cabrera fait remarquer que les besoins évoluent constamment : «Aujourd’hui, on a besoin de plus de médecins pour le VIH ou pour les personnes âgées que par le passé», dit-il.
Retour sur la régulation à l’installation : pour Dinorino Cabrera, cette régulation ne peut ni ne doit se faire par le biais du conventionnement individuel laissé à l’appréciation de l’assurance-maladie, mais sur la base de négociations «entre l’Etat, la profession et les caisses. Le problème, c’est que cette régulation ne pourra se faire qu’avec une volonté politique constante. Or les ministres fluctuent, les syndicats médicaux aussi». Dinorino Cabrera en est certain, «la régulation à l’installation, c’est l’intérêt même des jeunes étudiants. D’ailleurs, il n’y a qu’en France que les médecins étrangers peuvent s’installer comme et où ils veulent».
Quant aux transferts de compétence, le Dr Cabrera note qu’ils peuvent également constituer une solution pour des zones géographiques à la démographie vacillante. «Aujourd’hui, conclut-il, ils sont moins tabous que par le passé, mais certains médecins s’arc-boutent encore sur leurs prérogatives.»
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