LE 16 AVRIL DERNIER, les acteurs savoyards de la permanence des soins (PDS) étaient reçus par la mission d'appui mise en place par Roselyne Bachelot pour tenter de venir en aide aux départements ayant du mal à appliquer sa circulaire sur la resectorisation. Cette circulaire demande au département de la Savoie, qui comprend actuellement 52 secteurs (dont 18 saisonniers), de passer à un maximum de 18 secteurs. Une gageure pour un département à 90 % montagneux, et dont la population est multipliée par 2,5 – voire par 3 – durant la saison de ski. Si bien que les membres du CODAMUPS (comité départemental de l'aide médicale urgente et de la permanence des soins) ont bien précisé à la mission d'appui que cet objectif de resectorisation «n'était pas réaliste».
Dans nos colonnes, le Dr Jean-Louis Vangi, secrétaire général de l'Ordre départemental, indiquait d'ailleurs dès le 16 avril dernier que «passer à 18secteurs, comme le demande la circulaire, est infaisable», craignant en outre que cette nouvelle contrainte ne provoque un désengagement massif des médecins de son département. Les médecins savoyards ont fait des propositions à la mission d'appui, suggérant notamment un regroupement de secteurs grâce à l'implantation de maisons médicales, mais demandant en retour que les secteurs saisonniers «soient retirés du quota imposé puisqu'ils sont activés à cause de l'afflux touristique».
Le 16 juin, n'ayant reçu aucune réponse ministérielle à cette proposition et notant que l'échéance de réduction du nombre de secteurs était fixée à la fin de l'année 2008, le président du conseil départemental de l'Ordre de Savoie, le Dr Philippe Vittoz, a annoncé officiellement qu'à titre personnel il ne participerait plus à la permanence des soins. Il précise à ce sujet au « Quotidien » que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase est une lettre-circulaire ministérielle reçue par le préfet du département, lui demandant d'être particulièrement «attentif à la bonne organisation de la permanence des soins pour la période estivale à venir». «Se moque-t-on de nous?», demande le Dr Vittoz, qui ajoute que, si les médecins savoyards ont toujours été vigilants, «ils ne savent pas faire le grand écart pour assurer la permanence des soins tout en réduisant de façon importante le nombre des secteurs».
Signal de crise.
À l'Ordre national des médecins, le Dr André Deseur indique que si cette déclaration publique de non-volontariat de la part d'un président de conseil départemental constitue une première, «d'autres présidents d'ordres départementaux sont dans le même état d'esprit». «Nous comprenons son irritation», ajoute le Dr Deseur qui précise que «le DrVittoz est engagé depuis longtemps dans la PDS» que «son organisation départementale fonctionnait bien, et voilà qu'on lui demande de procéder à une réduction drastique du nombre de secteurs. Il s'agit là d'un signal fort que la PDS traverse une crise». Selon lui, si le CNOM n'est pas compétent pour rendre un avis sur cette décision, «c'est le droit le plus strict du DrVittoz de se désengager de la permanence des soins, et sa décision est logique».
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