Un groupe d’experts, réuni à l’initiative de la FDA (Food and Drug Administration), concluait en juin 2000 que, si l’usage du préservatif masculin peut réduire le risque de transmission du VIH, davantage de recherches étaient nécessaires pour évaluer son efficacité protectrice vis-à-vis des autres MST. En particulier, plusieurs études suggéraient qu’il n’offrait pas ou peu de protection contre les HPV. Mais aucune de ces études n’avait été vraiment conçue pour répondre à la question.
Gonocoque, Chlamydia et herpès simplex.
Six ans après ce rapport d’experts, de récentes études apportent des preuves en faveur d’une réduction du risque de transmission du gonocoque, des Chlamydia et du virus de l’herpès simplex, à la fois chez l’homme et chez la femme. Une étude de Winer et coll. (université de Washington à Seattle), publiée cette semaine dans le « New England Journal of Medicine», démontre qu’il réduit également le risque d’infection féminine par les HPV.
L’équipe de Seattle, qui souhaitait enrôler une population de femmes en bonne santé, a envoyé des offres de participation à l’étude à plus de 24 000 étudiantes (âgées de 18 à 22 ans) de l’université de Wash- ington. Le critère d’éligibilité était de ne jamais avoir eu de rapport vaginal ou d’avoir eu un premier rapport sexuel (avec un garçon) dans les deux semaines précédentes.
Sur 243 étudiantes qui ont répondu et étaient éligibles, 210 ont bien voulu participer à l’étude.
L’analyse porte sur 82 étudiantes, enrôlées entre 2000 et 2005. Elles ont été suivies pendant une moyenne de trois ans, avec un examen gynécologique effectué tous les quatre mois, comprenant un test d’ADN HPV et un frottis.
De plus, toutes les deux semaines, les participantes recouraient à un journal électronique afin d’enregistrer des informations importantes ayant trait à leur activité sexuelle quotidienne (nombre de rapports vaginaux, fréquence de l’usage du préservatif, nombre de nouveaux partenaires).
Les résultats de cette étude suggèrent que les préservatifs masculins réduisent efficacement le risque de transmission génitale homme-femme de l’HPV.
L’étude met en évidence une forte association temporelle inverse entre la fréquence de l’usage des préservatifs par les partenaires masculins et le risque d’infection chez les femmes.
Un risque de 70 % inférieur.
Ainsi, celles dont les partenaires ont systématiquement utilisé des préservatifs durant tous leurs rapports vaginaux au cours des huit mois précédents ont un risque de 70 % inférieur d’acquérir une nouvelle infection par le HPV (38 cas pour 100 patients-années), par rapport à celles dont les partenaires ont utilisé des préservatifs dans moins de 5 % des rapports vaginaux (90 cas pour 100 patients-années).
«Il n’est pas surprenant que certaines infections aient encore été découvertes chez les femmes qui signalaient un usage systématique du préservatif, puisque le papillomavirus peut être transmis par un contact sexuel non pénétrant avec des partenaires masculins, et féminins, et qu’un usage imparfait du préservatif est toujours possible, remarquent les investigateurs. Il est encourageant que les femmes dans cette cohorte, novices en matière de sexualité et d’usage des préservatifs, aient pu réduire leur risque d’infection par le HPV grâce à l’usage systématique du préservatif masculin. En outre, nos résultats suggèrent que le préservatif protège autant contre les types de HPV à haut risque qu’à faible risque.»
Dans un commentaire, les Drs Steiner et Cates (Institute for Family Health, Research Triangle Park, NC) notent que, «en dépit de cette assurance, il faut rester vigilant lorsque l’on encourage l’usage du préservatif, afin de ne pas donner une fausse idée de sécurité aux usagers»; ils préfèrent parler de «sexe plus sûr» plutôt que de «sexe sécurisé».
Winer et coll. « New England Journal of Medicine », 22 juin 2006, pp. 2645 et 2642.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature