De notre correspondante
Chaque année, ce sont 2 400 enfants aux Etats-Unis et 600 en France qui bénéficient d'une radiothérapie. Des progrès techniques ont été réalisés au cours de la dernière décennie : ils permettent désormais d'en limiter les séquelles et confèrent à cette méthode une meilleure intégration dans l'arsenal thérapeutique. Ces avancées majeures imposaient donc une rencontre scientifique, uniquement dédiée à la radiothérapie pédiatrique.
C'est dans cet esprit que le chef du département de radiothérapie du centre Léon-Bérard, Christian Carrie, organise un premier congrès international sur ce thème à Lyon. Il y est notamment question de radiothérapie conformationnelle et de la modulation d'intensité (IMRT), une nouvelle stratégie qui consiste à moduler le faisceau et la quantité de rayons délivrés, pour les adapter au mieux à la forme et à l'épaisseur de la tumeur.
« Ces techniques sont en développement dans une dizaine de centres en France, précise le Dr Carrie. Mais l'application chez l'enfant pose certains problèmes, car le temps d'irradiation est un peu plus long et nécessite une immobilité stricte. » D'où l'intention des radiothérapeutes de développer ces traitements sous anesthésie générale. Ces techniques permettent littéralement de « sculpter la tumeur ». Elles ont aussi l'avantage de moins irradier les tissus sains. C'est la raison pour laquelle Christian Carrie formule un espoir : celui d'une diminution des séquelles qui constituent encore un frein à la radiothérapie chez l'enfant et de traiter progressivement des enfants âgés de moins de 5 ans. « Aux Etats-Unis, ces techniques sont déjà pratiquées en pédiatrie », précise-t-il. Un jeune enfant a aussi bénéficié de cette radiothérapie au centre Léon-Bérard. D'autres vont bientôt entrer dans des protocoles à visée curative.
Des techniques prometteuses
En parallèle, des développements tels que le « gating », c'est-à-dire l'asservissement de l'irradiation aux mouvements respiratoires, sont également prometteurs. Des maladies de Hodgkin chez l'enfant ont ainsi été traitées : « On bloque la respiration en inspiration, à l'aide d'un respirateur, et on ne tire que durant ces moments-là, par petites fractions d'une dizaine de secondes », déclare le radiothérapeute lyonnais.
Les nouvelles méthodes seraient particulièrement adaptées aux traitement des tumeurs cérébrales, des maladies de Hodgkin, des tumeurs du rein, des sarcomes d'Ewing et des sarcomes de la face, très difficiles à traiter en radiothérapie pédiatrique.
D'un point de vue technique, « elles sont lourdes à gérer, mais ne posent pas de problèmes énormes », poursuit Christian Carrie. « En revanche, cela en pose au niveau de l'organisation des hôpitaux publics puisque nous manquons d'anesthésistes, de radiothérapeutes, et que les délais d'accès aux machines restent longs. »
Ces techniques sont exclusivement réservées aux gros établissements à but non lucratif, susceptibles d'avoir une masse critique suffisante pour acquérir un savoir-faire : « L'un des facteurs clefs de la réussite en radiothérapie pédiatrique reste l'expérience », résume un chef de service à Léon-Bérard. Impliqué au sein d'une commission sur la radiothérapie pédiatrique mise en place par le ministère de la Santé, Christian Carrie rappelle qu'une réorganisation est prévue dans ce sens, « avec une dizaine de centres de référence en France, et des centres courts capables d'appliquer des protocoles de traitement préconisés et d'organiser des soins palliatifs ». Quant à la revalorisation des actes en radiothérapie pédiatrique, elle devrait intervenir sous peu.
Un nouvel accélérateur de particules, en Haute-Savoie
C'est le hasard du calendrier : les radiothérapeutes et les oncologues médicaux responsables du nouveau pôle de cancérologie de la clinique générale d'Annecy seront également mobilisés le 20 juin pour l'inauguration de leur nouvel accélérateur linéaire de particules. Un événement placé sous la présidence du Pr Thierry Philip, directeur du centre Léon-Bérard et président du Comité national de lutte contre le cancer. « Cet accélérateur renforce l'équipement de l'agglomération annecienne, et de toute la Haute-Savoie, en étroite concertation avec l'équipe médicale du centre hospitalier d'Annecy », affirme le Dr Claude Novel, P-DG de la clinique générale d'Annecy. Son installation s'inscrit directement dans le plan de renforcement des équipements de lutte contre le cancer. Et contribue, en outre, à imposer la clinique privée comme un interlocuteur de poids en Rhône-Alpes.
L'inauguration a failli être compromise par le vol au début du mois de matériel informatique. La clinique a lancé un appel aux voleurs pour récupérer au moins les cinq disques durs essentiels pour faire fonctionner la radiothérapie. Elle a été entendue : un des voleurs a téléphoné pour indiquer la poubelle dans laquelle il avait jeté trois disques durs, ceux qui servent à la mise en marche de la machine. Manquent encore les deux disques utiles pour le traitement, mais cela ne devrait retarder que de deux semaines les premières thérapies.
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