À LA DIFFERENCE des génériques, les « biosimilaires » sont généralement des molécules complexes jugées « similaires » – mais pas « identiques » – à des médicaments biotechnologiques déjà autorisés et dont le brevet est tombé dans le domaine public. Il s'agit de protéines créées par la technologie de l'ADN recombinant à partir de cellules issues du vivant. Les biosimilaires ont les mêmes caractéristiques que les médicaments biotechnologiques princeps en termes de principe actif, de formule physico-chimique, de propriétés biologiques, de forme pharmaceutique, d'efficacité et de tolérance.
Mêmes normes de qualité, de sécurité et d'efficacité.
Ces protéines recombinantes sont des produits complexes qui doivent se conformer aux mêmes normes de qualité, de sécurité et d'efficacité que tout autre médicament et donc se prêter aux phases classiques du développement clinique. Un cadre spécifique a été mis en place pour réglementer ces produits. Chaque étape de fabrication et de développement nécessite une évaluation rigoureuse exigée par l'agence européenne pour l'évaluation des médicaments (EMEA).
Ces étapes passent successivement par une sélection du gène et de la cellule hôte (bactérie, levure ou cellule de mammifère), la création d'une culture cellulaire à partir d'une banque de cellules, la synthèse de la protéine recombinante par les cellules hôtes, l'extraction et la purification de la protéine synthétisée, la formulation du médicament puis le conditionnement pharmaceutique. Une modification du processus de fabrication peut avoir des répercussions importantes sur l'activité biologique et le profil de tolérance du produit final.
C'est pourquoi ces produits doivent répondre aux exigences de l'EMEA lors de l'enregistrement du dossier d'AMM. Trois grandes phases sont requises :
– faire la démonstration de la qualité du produit et de sa similarité avec le produit de référence ;
– passer avec succès la phase préclinique (pharmacodynamie et toxicologie) ;
– valider la phase clinique avec les études d'équivalence pharmacocinétique et pharmacodynamique face au produit de référence ; réaliser ensuite les études d'efficacité de phase III comparatives dans une indication et prouver une innocuité (immunogénicité) d'au moins 12 mois. Seules les études de phase II (dose/réponse) ne sont pas exigées.
Ce programme de développement appliqué à la nouvelle époétine recombinante humaine HX575 a apporté des preuves cliniques démontrant son équivalence thérapeutique avec une EPO alpha princeps utilisée comme comparateur. Elle a permis l'obtention d'une AMM européenne en août 2007.
Les indications de Binocrit concernent le traitement de l'anémie symptomatique dans les domaines de l'insuffisance rénale et de la cancérologie, et la réduction de l'exposition aux transfusions de sang homologue dans le cadre de la chirurgie orthopédique majeure.
Dans un premier temps, Binocrit est commercialisé pour le traitement de l'anémie symptomatique secondaire à une IRC chez les enfants et les patients adultes dialysés ou non encore dialysés. Sa commercialisation dans les autres domaines se fera ultérieurement.
Médicament d'exception.
Binocrit fait partie des médicaments d'exception et le traitement doit être commencé sous la surveillance de médecins ayant l'expérience de la prise en charge des patients dans le cadre de ses indications. Chez les patients insuffisants rénaux, l'objectif est d'atteindre, sans le dépasser, un taux d'hémoglobine cible de 10 à 12 g/dl (6,2-7,5 mmol/l) pour les adultes et 9,5 à 11 g/dl (5,9-6,8 mmol/l) pour les enfants.
Comme le rappelle le Dr Gérard London* «L'EPO a permis de prévenir les complications cardio-vasculaires, a pratiquement supprimé le recours aux transfusions et, surtout, a considérablement amélioré la qualité de vie des patients.» Actuellement le traitement par EPO concerne 42 % des patients en prédialyse, 90 % de ceux sous hémodialyse et 60 % des patients en dialyse péritonéale.
À l'occasion du lancement en France par Sandoz de ce deuxiè-me biosimilaire (le premier étant un biosimilaire de l'hormone de croissance) M. Kaïs Tahiri précise : «Sandoz est aujourd'hui l'un des laboratoires leaders dans le domaine des biotechnologies et ambitionne d'avoir le premier portefolio de produits biotechnologiques dans les années à venir.»
* Conférence de presse organisée par Sandoz avec la participation du Pr Gérard London, centre hospitalier F.-H.-Manhès, Fleury-Mérogis, président de l'ERA EDTA ; Dr Jean-Yves Le Cotonnec, expert indépendant auprès de l'EMEA ; Marie-Josèphe Baud, présidente de Sandoz France ; Kaïs Tahiri, directeur des opérations biotechnologies/hôpital Sandoz.
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