Aujourd’hui, le plus souvent, les organes sont prélevés chez des patients en état de mort encéphalique. Mais le manque de donneurs est notoire : selon l’agence Française de biomédecine, en 2009, 14 400 personnes ont eu besoin d’une greffe, 4 500 greffes ont été réalisées et 250 patients sont décédés faute de greffe. Une alternative est alors possible : le prélèvement d’organes à cœur non battant (aussi appelé à cœur arrêté), qui consiste à prélever les organes chez un patient de moins de 55 ans, ayant présenté un arrêt cardiaque généralement préhospitalier, dont la réanimation a échoué, et dont le cœur demeure non-battant. Un récent article du Lancet (16 octobre 2010) montre les greffons de reins prélevés à cœur arrêté sont équivalents - en termes de survie et de fonctionnement à 5 ans - aux greffons de donneurs en état de mort cérébrale.
Un délai de 120 mn
Mais pour réaliser un tel prélèvement, plusieurs conditions doivent être réunies. D’abord, il faut que les manœuvres de réanimation incluant la réanimation médicale aient échoué. Ensuite, le délai séparant la survenue de l’arrêt cardiaque du début de la procédure ne doit pas excéder 120 minutes, car au-delà, la viabilité des organes devient incertaine. Le moment de l’arrêt cardiaque doit pouvoir être déterminé avec certitude. C’est-à-dire : survenu devant témoins.
Enfin, la filière de prise en charge des patients candidats à cette stratégie de prélèvement doit être bien structurée. En pratique, une fois l’échec des manœuvres de réanimation constaté, le patient sera considéré comme (voire déclaré) décédé et le massage cardiaque sera poursuivi pour maintenir la perfusion des organes. On utilise un dispositif automatisé de massage cardiaque externe, qui autorise le brancardage et le transport du patient sans interruption du massage cardiaque, indispensable à la viabilité des organes.
Lorsque toutes ces conditions sont réunies, le patient sera orienté vers le centre préleveur. La canulation qui va assurer la perfusion des reins avant leur prélèvement doit être mise en place moins de 120 minutes après la survenue de l’arrêt cardiaque. La finalisation de la procédure suppose le recueil auprès des proches de l’absence d’expression par le patient d’un refus de prélèvement (par exemple, par inscription au registre des refus).
L’expérience sur le terrain est encourageante : en Seine-Saint-Denis, en cinq ans, 23 patients ont été transportés dans la perspective d’un prélèvement à cœur non battant, le prélèvement a été réalisé chez 10 patients, permettant la greffe de 15 reins.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature