Les spécialistes considèrent que le dépistage du prédiabète est une des stratégies de la lutte contre l'augmentation du nombre de diabétiques de type 2. A l'occasion de la Journée internationale du diabète du 14 novembre, TNS-SOFRES a mené une enquête auprès de 500 d'entre eux pour évaluer leur connaissance du sujet, leurs pratiques médicales et leurs attentes. Dans cinq pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni), 70 diabétologues et 30 cardiologues ont été interrogées fin septembre-début octobre .
L'enquête confirme que 97 % des spécialistes jugent la situation préoccupante, les Français étant les plus nombreux (41 %) à exprimer cette aggravation en termes d' « explosion du diabète ». Et la situation risque encore de s'aggraver : « Neuf spécialistes sur dix en Europe pensent que la situation du diabète de type 2 et du prédiabète va empirer dans les dix prochaines années si rien n'est fait au niveau national ou européen. »
Le risque pour un patient prédiabétique de devenir diabétique s'il n'est pas soigné est estimé à 50 % sur le moyen terme (dans les trois à cinq ans qui suivent) et à 73 % sur le long terme (dix à quinze ans). Les Espagnols sont les plus pessimistes (60 % de probabilité et les Britanniques les plus optimistes (31 % à moyen terme et 58 % sur le long terme), les Français se situant dans la moyenne européenne (48 % et 79 %).
Risque de développer un diabète
Les risques cardio-vasculaires sont, avec le risque de développer un diabète, une préoccupation importante des diabétologues et des cardiologues, en particulier britanniques, allemands et français (83 %, 74 % et 70 %). Les spécialistes italiens et espagnols sont moins nombreux à mentionner ce risque (48 et 43 %).
En pratique, l'existence d'un surpoids ou d'antécédents familiaux sont les principaux indicateurs qui incitent à rechercher un prédiabète. L'enquête montre qu'en France (99 %) et en Allemagne (100 %) « chaque diabétologue et cardiologue diagnostiquant un problème de surcharge pondérale sur un patient ou identifiant des antécédents familiaux de diabète pense immédiatement au prédiabète ». Les deux autres indicateurs sont l'hypertension et l'origine ethnique.
Les Français sont, là encore, les plus sensibilisés, car ils sont 74 % à estimer que le dépistage du prédiabète est « absolument nécessaire » (contre 53 % pour la moyenne européenne). D'une manière générale, 94 % des spécialistes européens le jugent nécessaire.
Si 52 % des spécialistes européens affirment que les généralistes manquent de connaissances à propos du prédiabète (66 % des spécialistes français sont d'accord avec cette affirmation), ils sont 91 % à estimer que ce sont ces derniers qui devraient réaliser le dépistage. Les médecins du travail et les médecins scolaires pourraient également être sollicités. Le dépistage sur le lieu du travail est fortement souhaité en France et en Allemagne (74 %).
Il semble se dessiner un certain consensus sur la prise en charge du patient prédiabétique : 96 % des médecins interrogés déclarent qu'un traitement est nécessaire ( « absolument nécessaire » pour 63 % d'entre eux). Il devrait concerner tous les prédiabétiques (78 %) plutôt que les seuls patients présentant une intolérance au glucose (20 %) ou ceux qui ont une glycémie à jeun anormale. Les programmes hygiéno-diététiques à vie sont le traitement le plus souvent cité (74 %).
Un traitement pharmacologique
Cependant, certains (28 %) conseillent également un traitement pharmacologique, de type antidiabétique oral. Et ils sont 56 % à considérer que l'élaboration d'une recommandation d'un traitement pharmacologique serait un moyen utile pour améliorer le dépistage et le traitement du prédiabète (20 % pensent que cette mesure serait « très utile »), de même que son remboursement par la Sécurité sociale. Parmi les autres moyens envisagés figurent la mise à la disposition des médecins généralistes d'une échelle d'évaluation des risques (84 % des spécialistes de l'enquête la jugent utile), l'utilisation systématique et le remboursement des tests diagnostiques de tolérance au glucose (OGTT).
Ne pas oublier la surveillance ophtalmologique
A l'occasion de la Journée du diabète, l'ANAES (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé) et l'Académie nationale de médecine rappellent que les médecins ophtalmologistes doivent être consultés en première intention et inclus systématiquement dans le réseau de prise en charge globale du diabète. « Parlons de la rétinopathie diabétique », insistent-ils, car elle est la première cause de cécité en France. Elle évolue progressivement et, au début, est asymptomatique. Sa gravité n'est pas toujours proportionnelle à la gravité du diabète et est indépendante du type de diabète. En 2000, seulement 41,5 % des patients diabétiques ont bénéficié d'un fonds d'oeil qui est, avec l'angiographie en fluorescence, l'examen de routine qui permet de visualiser les lésions.
L'ANAES et l'Académie recommandent une surveillance ophtalmologique annuelle, même si le patient ne ressent aucun symptôme.
Une journée de sensibilisation
Le 14 novembre 1921, deux chercheurs canadiens, Frederick Banting et Charles Best, parviennent à purifier l'insuline à partir d'extraits de pancréas. A cette date, depuis une dizaine d'années, la Journée mondiale du diabète tente de sensibiliser sur cette pathologie en constante progression, malgré les progrès thérapeutiques :
- L'Aide aux jeunes diabétiques (AJD) fête à cette occasion ses 50 ans. Ses journées nationales se tiendront les 22 et 23 novembre à la Maison de la chimie, à Paris.
- Alliance Diabète, nouvelle association créée pour la reconnaissance et la prise en charge des complications psychologiques du diabète, officialisera à la Mutualité (Paris 5e) la signature d'une « déclaration du 14 novembre ». Le but est la rédaction d'une charte d'engagement contractuel et solidaire de lutte contre l'échec thérapeutique.
- En partenariat avec Novo Nordisk, l'AFD (Association française des diabétiques) organise une journée d'information et de dépistage sauvage du diabète au passage des Panoramas, Paris 2e. Les personnes qui le souhaitent et qui présentent des facteurs de risque pourront procéder à un autocontrôle glycémique sous surveillance d'une infirmière.
- De même, Gyropharm propose une campagne d'information et de dépistage gratuit, anonyme et rapide, dans toutes les officines qui le souhaitent (« le Quotidien » du 27 octobre).
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