Les voeux du président de l’Ordre

Le Pr Roland inquiet de la médiatisation d’interventions chirurgicales

Publié le 09/01/2006
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Il y avait du beau linge au siège du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), pour les premiers voeux du président Jacques Roland. Etaient notamment présents Laurent Degos, président de la Haute Autorité de santé, Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social, des représentants de l’ensemble des Ordres des professions de santé, ainsi que Michel Chassang, président de la Csmf, Jean-Claude Régi, président de la FMF, et Pierre Costes, président de MG-France.

Pour le traditionnel discours de voeux, le Pr Jacques Roland a insisté sur la mission première de l’institution, la préservation de la déontologie : «Depuis 1981, le Parlement français a voté plus de 1000lois, dont 200 n’ont pas été suivies d’effet. S’agissant de l’Ordre des médecins et de notre travail sur la déontologie, je me dis qu’il ne s’agit pas d’accumuler de nouveaux textes opposables à un médecin oublieux, mais plutôt de tracer des lignes de conduite les plus claires possible, de servir de guide aux praticiens dans tous leurs tracas quotidiens.»

Garder la distance vis-a-vis des événements médicaux.

Pour Jacques Roland, l’Ordre doit «ouvrir des débats, les provoquer, mais en gardant la distance nécessaire vis-à-vis des événements. Il ne doit pas réagir par réflexe, mais avec réflexion».

En affirmant cela, Jacques Roland avait en tête les nombreuses sollicitations que lui adressent «les médias généralistes qui demandent parfois à chaud un avis ou des réponses avant même que nous ayons connaissance du fait incriminé». Et s’il lui est parfois possible de répondre «à une question simple», il préfère, dans la majorité des cas «prolonger la réflexion de manière à produire un texte réfléchi qui permettra d’en tirer parti pour l’avenir». Car, précise le président du Cnom, «l’Ordre est un conseil et a l’obligation de réfléchir avant de donner un avis au nom de l’ensemble de la profession. Nous essayons de confronter nos avis de manière que, sur telle ou telle greffe, ou telle ou telle décision de justice, nous puissions apporter cette distance nécessaire par rapport à l’événement». Allusion à peine voilée à la récente greffe partielle de la face qui avait valu un communiqué particulièrement vif du Cnom : «La médiatisation de l’intervention elle-même, écrivait l’Ordre, le 15 décembre , a été organisée et a dépassé les limites de la prudence; des images spectaculaires et morbides du receveur et cruelles pour la famille du donneur ont été diffusées.» Et pour que les choses soient claires, Jacques Roland enfonce le clou : «S’agissant des greffes, nous avions déjà eu de grosses difficultés lors d’interventions précédentes. Nous avons besoin de modifier les comportements. C’est l’un des défis les plus difficiles que nous avons à remplir.»

> H. S. R.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7873