LE QUOTIDIEN
Sur quelles catégories de sportifs comptez-vous porter votre réflexion et vos travaux ?
Pr GERARD SAILLANT
Aucune en particulier. Tous les Français devraient se sentir concernés par le sport. En premier lieu, nous allons procéder à des constatations scientifiques sur la sédentarité comme cause de mauvaise santé. A cet égard, le sport doit être considéré comme un moyen d'antisédentarité. Il faut le proposer à une majorité de Français qui, spontanément, ne pratiquent aucun sport. Cela nécessite de se pencher tout d'abord sur l'enseignement du sport à l'école. Mais nous n'entrerons pas dans des débats techniques comme celui sur les rythmes scolaires.
Il faut examiner aussi comment, localement, les collectivités, grandes et petites, peuvent relayer l'effort de promotion du sport.
Et les sportifs de haut niveau ?
Nous allons travailler sur la manière dont la machine humaine, poussée à 100 %, peut résister à de telles sollicitations. Peut-être y aura-t-il lieu de se lancer dans des investigations épidémiologiques sur le devenir médical des grands champions, dix ou quinze ans après l'arrêt de leur carrière de haut niveau. Il serait intéressant de vérifier s'ils connaissent des pathologies différentes de celles observées dans la population générale. Et de se demander s'il existe des limites au-delà desquelles le sport ne peut pas être nuisible à la santé.
Privilégier une approche positive
Le dopage sera-t-il à votre menu ?
Nous traiterons le sujet, sans qu'il constitue pour nous un axe majeur. Il faut réfléchir bien évidemment sur les pratiques dopantes aussi bien chez les professionnels que parmi les amateurs.
Mais notre groupe privilégiera une approche positive des liens entre sport et santé : comment le sport peut être un moyen d'intégration pour des personnes handicapées ou souffrantes (paralysés, diabétiques, hypertendus, etc.).
Et aussi comment le sport peut être un moyen thérapeutique, au-delà de la simple prévention.
Comment allez-vous organiser votre travail ?
Notre groupe comprend une dizaine de membres : trois médecins, un kinésithérapeute, des présidents de fédérations (escrime et sports de glace), des athlètes (une joueuse de volley-ball, notamment), le patron d'un groupe d'assurances et un journaliste. Nous allons auditionner des experts et nous plonger dans des études scientifiques. Quatre réunions sont prévues à notre programme, qui s'ajouteront à celles organisées dans sept régions, lesquelles nous feront « remonter » leurs propositions.
Au final, nous comptons faire des propositions concrètes. Surtout pas des vux pieux, mais des actions pragmatiques.
Quatre mois vont-ils vous suffire ?
Le ministre souhaite que nous avancions à marche forcée. Je pense qu'il ne faut pas traîner, en effet. Cela fait bien cinquante ans qu'il est urgent de s'attaquer aux rapports du sport et de la santé.
* Chef du service de chirurgie orthopédique du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière et doyen de la faculté.
Aboutir à un diagnostic
Organisés conjointement par le ministère des Sports et le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), les états généraux du sport « visent à rassembler toutes les forces vives du mouvement sportif, indique Henri Sérandour, président du CNOSF, en compagnie de ses partenaires institutionnels et économiques, afin d'analyser et de reconsidérer les principes et les règles qui ont porté le sport français depuis la relance essentielle des années soixante ».
Pour le ministre des Sports, il s'agit de « faire le tour des idées de la France et du sport », en tissant « des liens de solidarité entre professionnels et amateurs au sein des fédérations ». « C'est un travail qui devra aboutir à un véritable diagnostic sur la situation du sport français ainsi que sur le rôle et les missions de chacun », ajoute Jean-François Lamour.
Outre sport et santé, six groupes de travail ont été constitués : avenir du modèle fédéral, rôle de l'Etat dans le sport, place du sport professionnel en France, fonction sociale et éducatrice du sport, sport et territoires.
Clôture de ces grandes manuvres le 8 décembre.
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