DECOUVERTES ET INVENTIONS
Dans un travail présenté à la commission de la Caisse des recherches scientifiques (rapport de 1907), le Pr Brumpt résume les connaissances sur le mode de propagation du paludisme. Dans un deuxième temps, il propose des solutions.
- Mode de propagation
1) « Dans toutes les régions où le paludisme sévit, on rencontre des moustiques du genre anophèle.
2) « L'intensité du paludisme (pourcentage des individus atteints et gravité des atteintes) est fonction du nombre plus ou moins considérable des anophèles vivant dans la région.
3) « Dans les pays où l'anophèle n'existe pas, la fièvre ne se rencontre pas. Les exemples sont nombreux en Algérie.
4) « Quand les anophèles n'ont pas l'occasion de s'infecter sur des gens malades, ils peuvent piquer des gens sains sans leur donner le paludisme. »
La conclusion qui découle de ces observations est évidente : « Pour lutter contre le paludisme, il faut, d'une part, détruire les anophèles et, d'autre part, les empêcher de s'infester au contact des individus malades. »
- Les moyens
Pour parvenir à ce résultat, le Pr Brumpt propose un certain nombre de moyens. Moyens qu'il présente dans un ordre d'importance décroissante pour les « pays civilisés » et dans l'ordre inverse pour les « pays sauvages », où les ouvrages d'art seraient « impraticables ou trop onéreux ».
1) « Drainage des marécages.
2) « Dessèchement par des plantations d'arbres à croissance rapide comme les eucalyptus.
3) « Couvrir toutes les collections d'eau (puits, citernes) pour empêcher les anophèles de venir y pondre. » En cas d'impossibilité, « entretenir dans les eaux des poissons destructeurs de larves de moustiques ».
4) « Après avoir réduit à leur minimum les surfaces d'eau, assurer leur écoulement et éviter les anfractuosités des canaux en les cimentant. »
5) « Si, malgré ces précautions, les canaux s'encombrent de végétations aquatiques, s'il est impossible de drainer et de dessécher, il faut procéder au pétrolage des mares [...]. »
6) Si ces moyens sont inapplicables (raisons économiques ou autres), « on protégera la maison par des toiles métalliques placées devant toutes les ouvertures ».
7) « L'usage de la quinine curative peut être employé simultanément, mais pas exclusivement. Pour faire disparaître le paludisme par ce moyen, il faudrait que tous les gens du pays consentent à se soigner. »
8) On éloignera « les indigènes des pays insalubres qu'ils habitent et en les fixant à des endroits distants de 1 kilomètre des points d'eau. »
9) « La quinine préventive à la dose de 25 centigrammes par jour doit être utilisée d'une façon continue quand les moyens précédents ne peuvent pas être mis en usage. C'est le cas pour les explorateurs et les militaires en expédition. Cette méthode simple évite les accès pernicieux. »
- Trois parasites différents
Au cours de ses missions, le Pr Brumpt a étudié les parasites du sang de 81 personnes cachectiques atteintes de paludisme. Il en a déduit que les fièvres intermittentes sont provoquées par trois parasites différents :
- le Plasmodium falciparum, qui produit la fièvre irrégulière estivo-automnale ;
- le Plasmodium malariae, qui engendre la fièvre quarte ;
- le Plasmodium vivax, qui donne la fièvre tierce bénigne.
Source : « Le Journal des accoucheurs », 1er juin 1908.
Un saut dans le présent
On sait qu'au début du mois deux pas de géant ont été accomplis dans la lutte contre le paludisme : les séquençages de Plasmodium falciparum et d' Anopheles gambiae, le principal moustique qui transmet à l'homme le parasite. Si l'on ne peut en attendre des progrès immédiats pour les malades, ces recherches devraient permettre de comprendre l'interaction du parasite avec son hôte, tout au long de son cycle. Un espoir alors que la piste vaccinale, une trentaine d'antigènes testés, est pour l'instant décevante.
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