Les chercheurs de Columbia University à New York, qui ont mené une étude dans un service de fécondation in vitro en Corée, ont été surpris par les résultats obtenus : dans le groupe de femmes pour lesquelles des intercesseurs étrangers priaient, le taux de grossesse a été de 50 %, contre 26 % dans le groupe de femmes pour lesquelles personne ne priait, ce qui correspond au taux habituel de réussite des FIV. Cette étude a été randomisée en double aveugle et pas plus les femmes que leurs soignants en Corée n'étaient au courant de l'étude et des prières. Les intercesseurs résidaient aux Etats-Unis, au Canada et en Australie et ne possédaient pas d'autre information sur les femmes que leur photo.
Les chercheurs new-yorkais, qui ne sont pas liés a un organisme religieux, s'avouent très intrigués mais restent prudents et qualifient ces résultats de préliminaires. « Nous aurions pu ignorer les résultats, mais cela n'aiderait pas à faire avancer le sujet », explique dans un communiqué le Pr Rogerio Lobo, chef du service d'obstétrique et de gynécologie à la Columbia University à New York, principal auteur de l'étude. « Nous publions ces résultats dans l'espoir de provoquer des discussions et de voir si l'on peut tirer des leçons de cette expérience. Nous aimerions comprendre le phénomène, biologique ou d'une autre nature, qui a entraîné ce quasi-doublement du taux des grossesses. »
Le Pr Lobo explique que l'idée de cette étude est venue d'un confrère, devenu coauteur, le Dr Kwang Cha, directeur de l'hôpital Cha à Séoul. L'étude a été menée de la façon la plus rigoureuse possible et les investigateurs s'attendaient à n'observer aucun bénéfice des prières. 199 femmes, de 26 à 46 ans, ont été vues à l'hôpital Cha pour une fécondation in vitro avec transfert d'embryon, entre décembre 1998 et mars 1999.
Les femmes ont été classées selon un certain nombre de variables (âge, durée et type de la stérilité, nombre de tentatives antérieures) puis randomisées en deux groupes égaux, l'un bénéficiant de prières par intercesseurs. De nombreuses précautions ont été prises pour supprimer le plus de biais possible. Les femmes et leurs soignants ne savaient donc pas qu'ils participaient à cette étude, ce qui élimine tout effet de croyance, d'attente ou effet placebo. La randomisation et la transmission des données (y compris les photos) ont été faites par un statisticien indépendant en Corée, et un autre aux Etats-Unis qui n'était pas lié aux auteurs. Les codes de randomisation n'ont été dévoilés que lorsque toutes les données de grossesse ont été disponibles.
Un seul lien, la photo
Les personnes priant pour les femmes résidaient aux Etats-Unis, au Canada et en Australie et ne disposaient d'aucune information sur ces femmes hormis leur photo. Le protocole pour organiser les prières par intercesseurs est assez complexe. En gros, les chercheurs ont demandé à des membres de diverses églises chrétiennes de prier et les intercesseurs ont été divisés en 3 groupes. Un groupe recevait les photos des femmes et priait pour augmenter leur taux de grossesse (chaque sous-groupe priait pour 5 femmes). Un autre groupe priait pour augmenter l'efficacité des prières du premier groupe. Enfin, un troisième groupe priait de manière générale pour les 2 premiers groupes. Les 3 groupes ont commencé à prier dans les cinq jours de la première injection hormonale et ont continué de prier pendant trois semaines.
Résultat : la différence est extrêmement significative. La plus grande fréquence de grossesses dans le groupe des femmes pour lesquelles on a prié résulte d'un taux plus élevé d'implantation (16 % contre 8 %) ; le nombre d'ovocytes obtenus, les taux de fécondation et le nombre d'embryons transférés sont similaires dans les deux groupes. Aucun ajustement n'a modifié les résultats.
Si l'on ne peut exclure la possibilité d'un résultat aberrant dû au hasard, il va dans le même sens que ceux d'une récente étude suggérant un bénéfice des prières par intercesseurs pour des patients admis en unité de soin coronaire (Harris et coll., Arch Intern Med 1999). « Nos données sont préliminaires et pourraient ne pas être confirmées dans les futures investigations », concluent prudemment les auteurs.
« The Journal of Reproductive Medicine », 28 septembre.
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