Zenon
Parmi toutes les mauvaises nouvelles qui nous parviennent des quarante coins de la planète, notons, avec accablement, celle de la mise au point du poulet sans plumes, par le département d'agriculture de l'université hébraïque de Rehovot, sise près de Tel-Aviv. On imagine bien ce pauvre volatile, proche cousin de la poule qui vient de trouver un couteau sans lame afin de casser une graine...
On a réussi (voir « le Monde » du 23 mai) à croiser « un petit oiseau à la peau nue et une poule d'élevage ordinaire ». Le plus important est la photo du résultat : une sorte de drag-chick à l'imposante crête couleur lie-de-vin, la même coloration que sa peau, d'ailleurs. On dirait qu'il est déjà cuit, ou laqué, ne seraient-ce que ses pattes couleur d'argent massif. On pourrait le porter en broche pour Carnaval, tout en se demandant quelle couleur il doit prendre une fois rôti.
Car le poulet, avec toutes ses plumes dont on se demandent à quoi elle peuvent lui servir, sue abondamment, dans les serres d'élevage, et dégage un maximum de chaleur qu'il faut évacuer par des moyens électriques, ce qui coûte cher dans des pays chauds comme Israël. Le poulet nu est incomparable pour galoper dans le Néguev. Evidemment, le froid anglais le décimerait, sans compter que les Anglais le croiraient nourri au beaujolais nouveau.
Le poulet du désert est comme l'oiseau qui court plus vite que son ombre, dans les dessins animés, en faisant « beep ! beep ! ». Par contre, le renard qui l'attraperait n'aurait pas à le plumer et pourrait le croquer tout cru. Le poulet nu doit donc être super-protégé, voire mangé sur place, rôti sur pied au lance-flammes. le problème est que, rien qu'en le regardant, on a envie de manger autre chose de plus normal. Une gazelle, un iguane farci, un opossum cuit dans sa carapace, une cervelle fraîche de sapajou découpée devant le client.
Ayant perdu de son mystère et de son duveteux, le poulet devient un festin nu : une pure épure littéraire. Et manger du carton bouilli n'inspire plus personne... En attendant le cabri sans toison, prêt à être embroché, le cochon sans gras ni couenne, le lapin à deux râbles et l'huître perlière à tous les repas, on souhaite bien du plaisir à ces... chercheurs ? Nous connaissons des bricoleurs du dimanche plus sérieux. Darwin, reviens !
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