Calcul des doses d'insuline et suivi téléphonique

Le portable au service du diabétique

Publié le 05/06/2007
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LE Dr GUY CHARPENTIER a déjà une idée des résultats que rendra dans six mois l'essai Télédiab 1, lancé la semaine dernière. Chef du service d'endocrinologie-diabétologie du CH Sud-Francilien, à Corbeil (Essonne), il a mené récemment une étude pilote qui a permis de tester l'utilisation par des patients diabétiques de type 1 d'un carnet électronique où sont reportées les différentes informations nécessaires à une prise d'insuline après un repas (soit la glycémie, la quantité de sucre ingérée, un éventuel effort physique). Etude convaincante s'il en est, au vu des algorithmes prandiaux obtenus au bout des trois mois d'expérimentation chez ces patients chroniquement mal équilibrés. Au vu également du confort qui leur est apporté. «A la fin de l'étude, nous avons même eu du mal à récupérer les appareils!, insiste le Dr Charpentier. Sur les 45patients, 43 auraient voulu le garder et se disaient prêts à payer de leur poche pour pouvoir continuer à bénéficier de ce soutien.»

Un logiciel, le système PDA-FIT, incorpore le profil du malade et la prescription du médecin. Il calcule automatiquement les doses d'insuline à injecter, en fonction des données que le patient insère lui-même dans son téléphone portable.

Suivi régulier et à distance.

Outre l'aide immédiate proposée aux patients dans le calcul des doses, cet outil permet un meilleur suivi à distance : les données sont transférées sur un site Web (dont la confidentialité est protégée, assurent les responsables) et immédiatement consultables par tous les soignants autorisés. Car tout l'intérêt du système PDA-FIT est que ces données soient transmises et traitables en temps direct. C'est ainsi que sont organisés des rendez-vous téléphoniques réguliers et fréquents entre les patients et leurs soignants, afin de commenter les résultats glycémiques, d'ajuster les doses et d'encourager les malades.

«Actuellement, nous voyons nos patients une demi-heure tous les six mois. Il est indubitablement plus efficace de les avoir cinq minutes au bout du fil tous les quinze jours. Le soutien que nous pouvons leur apporter est technique, mais aussi psychologique. Le suivi d'une maladie chronique comme le diabète est usant pour les patients, qui, alors qu'ils font tout ce qu'ils peuvent, ne parviennent pas à équilibrer leur glycémie. Beaucoup baissent les bras et envoient balader leur traitement. Il est donc pertinent d'être derrière eux, régulièrement.» Ce qui revient à «prolonger la relation patient-médecin, fondée sur le contact physique», traduit Pierre Leurent, P-DG fondateur de Voluntis (spécialiste des dossiers médicaux électroniques), qui a développé le logiciel Medpassport.

« L'e-santé, une révolution ».

Qui dit ajustements des doses dit évitement des hyperglycémies, donc des complications du diabète et donc économie pour la Sécurité sociale. Dit également évitement des pénibles (et dangereuses) hypoglycémies. Un autre bénéfice secondaire de l'usage du système PDA-FIT, c'est qu'il procure des données épidémiologiques, incontestablement utiles à la recherche.

«L'e-santé est une révolution et nous entendons bien y prendre part», affirme Eric Le Bihan, directeur adjoint de la division santé chez Orange, qui participe au projet en fournissant notamment les téléphones mobiles intelligents avec grand écran. Reste à savoir si les médecins suivront, car «c'est un choc culturel dans la façon de traiter», convient le Dr Charpentier. Reste à savoir également comment le système serait financé. «Nous espérons que les industriels pourront proposer à nos patients ces produits à des prix raisonnables afin que perdure ce système qui est plébiscité. Ensuite, il appartiendra à la communauté médicale et aux malades de convaincre les autorités publiques de le prendre en charge», poursuit le diabétologue.

L'essai Télédiab 1 incorpore 180 patients tirés au sort dans 20 centres de diabétologie appartenant à l'Alfediam (Association de langue française pour l'étude du diabète et des maladies métaboliques).

www.alfediam.org.

> AUDREY BUSSIERE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8179