Référence
Le médecin scolaire a plusieurs missions :
- favoriser les apprentissages et la réussite scolaire ;
- faciliter l'accès aux soins ;
- favoriser l'intégration scolaire des jeunes handicapés et des jeunes atteints de maladies chroniques ;
- participer à la protection de l'enfance en danger ;
- participer à l'éducation pour la santé.
L'action du médecin s'inscrit dans le cadre d'un travail en équipe pluriprofessionnelle.
Pour réaliser ces missions, différentes actions sont effectuées selon les niveaux. Chaque action repose sur un protocole préétabli et chaque fois qu'un trouble est détecté, l'enfant est adressé à son médecin traitant pour la prise en charge de la pathologie.
En principe, les 3-4 ans relèvent de la PMI, mais à Paris, avec son accord, c'est le service de santé scolaire qui les prend en charge :
- dès la petite section (3 ans), un dépistage des troubles visuels est effectué afin de détecter en particulier les amblyopies fonctionnelles qui, à cet âge, peuvent encore être traitées ;
- en moyenne section (4 ans) sont recherchés les troubles auditifs et les troubles du langage. Depuis l'année 2000, le service de santé scolaire de la DASES a mis en place, à Paris, un protocole de dépistage des troubles d'apprentissage. Ce protocole a été élaboré en étroite collaboration avec le Dr Catherine Billard (neuropédiatre à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre).
Ce dépistage est poursuivi dans les classes suivantes (GS, CP, CE1) en fonction des difficultés de chacun afin de permettre une prise en charge précoce et ciblée de ces troubles pour limiter les risques d'échec scolaire ;
- au niveau de la grande section de maternelle, un bilan obligatoire (5-6 ans) inscrit dans le code de la santé publique, en présence des parents « permet d'apprécier l'état de santé global et de prévenir les inadaptations scolaires qui pourraient résulter de handicaps (troubles sensoriels, troubles du langage, difficultés motrices, troubles du comportement) ou de difficultés psychosociales susceptibles de nuire à sa scolarité ».
Ce bilan sera d'autant plus profitable à l'élève qu'il sera réalisé en concertation entre médecins, enseignants, psychologues scolaires, professionnels de soins et familles.
Au niveau du CM2, les dépistages sensoriels sont à nouveau effectués et, pour les élèves en zone d'éducation prioritaire ou en réseaux d'éducation prioritaire, un bilan complet est réalisé afin de faciliter l'adaptation du jeune dans le cycle secondaire.
Depuis deux ans, une orientation particulière est prise lors du bilan de grande section pour diminuer les risques d'obésité. Elle s'appuie sur une enquête épidémiologique faite par le service des actions médico-sociales scolaires de Paris (sous-direction de la santé de la DASES) et les recommandations du rapport de l'INSERM sur l'obésité. Cela se fait selon un protocole de repérage des élèves en surcharge pondérale. Le médecin étudie l'indice de Quételet (ou indice de masse corporelle) à la recherche d'un éventuel rebond d'adiposité précoce. Chaque enfant ayant un problème est envoyé à son médecin traitant et revu chaque année afin de s'assurer du suivi.
A côté de ces actions de portée générale, il existe des actions sélectives telles que les bilans de santé faits à la demande de l'équipe éducative, des parents ou de l'assistante sociale, voire des élèves eux-mêmes , souvent pour un problème d'apprentissage scolaire ou un problème social.
Un rôle essentiel du médecin scolaire est de favoriser l'accueil des enfants atteints de maladie chronique ou de handicap. Pour cela, des projets d'accueils individualisés (PAI) ou projets d'intégration individualisée (PII) sont réalisés en concertation avec les parents, le ou les médecins traitants, l'équipe éducative et l'équipe médicale scolaire. Ces projets permettent d'adapter au mieux le cadre scolaire à la pathologie de chacun pour lui permettre de suivre une scolarité normale. C'est ainsi qu'à Paris, en 2000-2001, plus de 700 PAI ont été faits. Ces élèves seront revus chaque année, de même que ceux de toutes les classes spécialisées.
Dans le cadre de la protection de l'enfance, a été mis en place à Paris un réseau médical d'arrondissement qui permet, chaque fois qu'une maltraitance est suspectée, l'intervention en urgence d'un médecin scolaire sur appel de l'école. Le médecin établit alors un certificat médical et une évaluation est effectuée en concertation étroite avec l'assistante sociale de l'école. En cas de danger immédiat, un signalement est envoyé au procureur de la République et/ou l'enfant est mis à l'abri par intervention de la brigade des mineurs.
Ce système de réseau est utilisé aussi en cas de toxi-infection alimentaire et en cas de méningite à méningocoque afin de mettre en place une prophylaxie.
Le rôle d'éducation à la santé peut se faire à différents niveaux :
- elle débute dès la maternelle dans une perspective d'éducation globale et d'apprentissage de la citoyenneté. Elle promeut une vision positive de la santé. Il peut s'agir au niveau des maternelles d'interventions sur le sommeil, ou l'hygiène alimentaire ;
- au niveau des CP, « la trousse santé » a pour but d'aider à la prise de conscience que l'hygiène est une nécessité sur le plan de la santé et du confort pour soi et pour les autres ; moyen de se maintenir en bonne santé, l'hygiène contribue aussi à l'instauration d'un dialogue parents/enfants autour de la santé et de l'hygiène ;
- au niveau du CM2, l'éducation à la santé est particulièrement orientée vers « la prévention des conduites à risques » (utilisation de produits licites ou illicites, absentéisme, désinvestissement scolaire, conduites suicidaires) ; elle permet d'aborder les problèmes de racket, de violence, de tabac et d'alcool...
Pour ces différentes actions, le médecin scolaire, aidé de l'assistante sociale scolaire, peut s'appuyer sur de nombreux supports ou outils pédagogiques.
Enfin, il existe aussi une mission de recherche. L'exploitation des données recueillies par les médecins dans une perspective épidémiologique constitue une obligation légale.
Ces enquêtes épidémiologiques, les études de validation d'outils ou de protocoles, permettent de déterminer les priorités de santé publique et de proposer des dépistages selon un protocole dont la validité a été vérifiée.
Référence : Dr Geneviève Richard, médecin-chef, sous-direction de la santé, santé scolaire, DASES.
B. O. n° 1, 25 janvier 2001, ministère de l'Education nationale et ministère de la Recherche, numéro spécial.
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