Visage
Vingt pour cent des nouveau-nés développent une discrète acné du visage. Les lésions dermatologiques rencontrées chez le nouveau-né sont en général peu nombreuses et siègent au niveau du visage. Il s’agit essentiellement de microkystes et de comédons fermés ; néanmoins, les papulo-pustules ne sont pas exclues. Au niveau du dos, de rares lésions peuvent exister. Ces lésions se rencontrent dans un contexte de bon état général. Cette maladie acnéique semble produite par la forte poussée hormonale de la fin de grossesse qui provoque par l’intermédiaire des androgènes maternelles une stimulation des glandes sébacées de l’enfant. Il peut également s’agir d’une maladie inflammatoire pour laquelle P.acnes joue un rôle. Enfin, pour certains auteurs, cette acné pourrait être due à Malassezia sympodalis qui colonise la peau des nouveau-nés ; certains enfants feraient une réaction de type neutrophile.
Acné du nouveau-né
La prise en charge de l’acné du nouveau-né est très simple, car elle va spontanément régresser en un à trois mois, du fait de l’involution rapide des glandes sébacées durant la période postnatale. Contrairement à ses parents, l’enfant n’est absolument pas gêné pas ces lésions. Il importe d’expliquer aux parents que tout va régresser, d’éviter les pommades grasses, éventuellement de désinfecter la peau après la toilette avec un antiseptique doux, voire parfois en utilisant une lotion antibiotique. Dans certains cas, l’utilisation d’un imidazolé topique (kétoconazole) peut se révéler utile. Les diagnostics différentiels sont essentiellement représentés par l’acné infantile (après 3 mois), une allergie au dihydan ou au lithium, une hyperplasie folliculaire.
Après 3 mois : acné du nourrisson
D’apparition plus tardive, au-delà de 3 mois, l’acné du nourrisson est plus polymorphe et persistante. Les lésions ont une évolution plus longue et peuvent laisser des cicatrices. Il s’agit de lésions microkystiques inflammatoires (comédons et papulo-pustules) qui durent en général quelques mois. Chez certains enfants, les lésions peuvent exister jusqu’à 24 mois, parfois jusqu’à 5-6 ans. Des nodules et des cicatrices peuvent survenir. La guérison est spontanée, mais le risque de cicatrices incite à traiter : peroxyde de benzoyle, érythromycine (locale ou per os), acide rétinoïque (prudemment du fait de son effet irritant).
Le recours à l’isotrétinoïne per os est parfois nécessaire étant donné le risque de cicatrices. Les crèmes hydratantes doivent être stoppées. On considère que cette acné est liée à une stimulation transplacentaire de la glande surrénalienne, mais le mécanisme hormonal qui permet la prolongation des signes est mal compris. Il semble donc s’agir le plus souvent d’une acné idiopathique ; néanmoins, surtout si cette acné apparaît tardivement (entre 1 et 5 ans) des dosages hormonaux doivent être effectués, notamment dosage de la testostérone totale, à la recherche d’un syndrome de virilisation (il existe en général des signes cliniques associés) et un avis spécialisé auprès d’un endocrinologue est souhaitable. Les principaux diagnostics différentiels sont représentés par les formes granulomateuses de la dermite péri-orale chez les enfants noirs, la démodécidose favorisée par les immunosuppresseurs (recherche de demodex avec biopsie si nécessaire, puis traitement par Eurax ou Ascabiol), la folliculite pustuleuse à éosinophiles du nourrisson, les acnés induites (rares chez l’enfant).
Exceptionnellement, une acné conglobata (nodulo-kystique) peut se rencontrer chez le nourrisson. Plus importante et plus agressive que l’acné du nouveau-né, l’acné du nourrisson est souvent le début d’une acné de l’adolescent. En cas d’antécédents familiaux d’acné, ces enfants seront probablement sujets à une acné pubertaire sévère.
D’après la communication du Dr M. Rybojad lors de la 20e Journée de dermatologie de l’hôpital Trousseau.
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