Immunité humorale
Les immunoglobulines sont produites et sécrétées par les lymphocytes B qui représentent de 5 à 10 % des lymphocytes (Ly) circulants. La réponse humorale se déclenche lorsqu'il y a interaction entre des antigènes (infectieux) et des IgM ou des IgD présentes à la surface des Ly B. Les Ly B sont activés par ce contact, et également par l'intermédiaire des Ly T. Ils subissent alors une maturation en plasmocytes, capables de sécréter les anticorps appropriés.
Le plasmocyte existe de manière physiologique dans la moelle (< 5 %) et d'autres tissus (tube digestif).
L'immunité humorale est constituée par l'action d'immunoglobulines ou anticorps (AC). L'homme produit cinq classes différentes d'immunoglobulines appelées IgG, IgM, IgA, IgD et IgE. Elles portent à leur surface des sites de reconnaissance, capables d'interagir activement avec les antigènes du non-soi. Des portions différentes des molécules d'anticorps assurent la coordination avec d'autres fonctions du système immunitaire, telles l'activation du complément et les interactions avec les macrophages.
Toutes les classes d'immunoglobulines sont présentes dans le sang, mais les immunoglobulines G (IgG) sont prépondérantes (de 6 à 12 g/l). Il existe 4 sous-classes d'IgG (de 40 à 80 % sont des IgG1).
Les anticorps de type IgM sont synthétisés au début de la réponse immunitaire en phase infectieuse aiguë.
Les IgA se trouvent à la surface des muqueuses digestives et bronchiques et dans la salive.
Les IgE interviennent dans les allergies, mais sont physiologiquement présentes en petites quantités dans le sérum. Elles jouent aussi un rôle important dans l'immunité antiparasitaire. Le dosage des IgE spécifiques, correspondant à une exploration de pathologies ciblées, ne s'intègre pas dans le cadre du profil immunitaire.
Les IgD sont normalement présentes à la surface des Ly B, mais l'on ignore quelle est la fonction exacte des IgD circulantes.
Immunité cellulaire
Les cellules de la phagocytose
Il s'agit de l'immunité non spécifique. Les déficits purs de la phagocytose sont rares et concernent surtout la pathologie pédiatrique.
Les phagocytes sont représentés par les PNN et les macrophages. Le granulocyte neutrophile provient de la maturation d'un myéloblaste. Les neutrophiles ont un rôle primordial de phagocytose lorsqu'ils rencontrent une cellule étrangère ou infectée. Cette élimination est dominée par l'action des granulocytes neutrophiles (PNN), qui seront eux-mêmes phagocytés par les macrophages une fois vieillis. Les macrophages sont des cellules infiltrant les tissus. Ils proviennent de la différenciation de leucocytes sanguins, les monocytes. Les macrophages sont aussi capables de présenter des antigènes aux Ly CD4 et de les stimuler.
Les lymphocytes
L'immunité à médiation cellulaire est aussi assurée par les lymphocytes T qui représentent de 80 à 85 % des Ly totaux. Elle est la seule efficace contre des agents infectieux intracellulaires, comme les virus à certaines phases de leur cycle de reproduction. Pour chaque antigène détecté, des cellules T auxiliaires spécifiques sont activées. Lorsqu'elles interagissent avec l'antigène, elles activent à leur tour un certain nombre de fonctions immunologiques. Les mécanismes de reconnaissance de l'antigène sont complexes et font intervenir une cellule « présentatrice de l'antigène ».
Les lymphocytes B et T expriment à leur surface des marqueurs spécifiques appelés clusters ou classes de différenciation (CD) identifiables par immunophénotypage par cytométrie de flux.
Les lymphocytes auxiliaires (CD4) détectent l'infection, impliquent les autres cellules dans la réponse immunitaire et stimulent aussi les lymphocytes B qui produisent des AC.
Certains lymphocytes stimulés (cytotoxiques ou CD8) « tuent » par cytotoxicité directe les micro-organismes ou les autres cellules indésirables qui leur sont désignés.
Le lymphocyte NK CD56/CD16 (Natural Killer) est aussi capable de détruire des cellules anormales par apoptose ou cytolyse.
Th1 et Th2
Des profils CD4 «à la mode»: les profils Th1 et Th2.
La notion de profil Th1 ou Th2 se situe à la frontière entre la physiologie et la pathologie.
Les théories actuelles veulent qu'il existe chez l'homme des Ly immatures qui donnent des cellules CD4 + naïves qui deviennent des Ly dits « Th0 » qui, eux-mêmes, se différencient ensuite, selon des mécanismes complexes (et certainement aussi génétiques), vers des Ly aidant à la création d'une réponse « cellulaire », appelés Th1, et ceux aidant à une réponse de « type allergique » (production d'IgE), appelés Th2. Chaque patient a un profil Th1 (immunité cellulaire) ou Th2 (profil « allergique ») prédominant. Ce profil est variable au cours de l'existence, selon les situations cliniques et les stimulations antigéniques (polliniques...). Il est généralement admis que les cytokines produites par les cellules Th1 activent les cellules phagocytaires et favorisent la production d'IgG. A l'opposé, les cytokines produites par les Th2 induisent la production des IgE, l'activation et la différenciation des éosinophiles.
Un caractère important des cellules Th1 et Th2 est la capacité d'une sous-population de réguler les activités de l'autre.
Conclusions
La notion de profil immunitaire regroupe un certain nombre de concepts faisant intervenir des mécanismes différents, mais intriqués dans leur fonctionnement puisque la réponse immunitaire n'est jamais exclusivement humorale ou cellulaire. La coopération entre les différentes voies de l'immunité contre le « non-soi » est complexe. La dérégulation de ces phénomènes physiologiques est une des composantes majeures de développement de réactions immunitaires contre « le soi » , à l'origine des maladies auto-immunes dont la physiopathologie reste encore obscure. Au-delà des déviances de fonctionnement de ces systèmes, les déficits de l'immunité humorale ou cellulaire ont des conséquences cliniques parfois très graves, ils seront abordés dans une prochaine mise au point.
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